Histoire de Skikda / Page 8
Les armoiries de la ville
à travers les siècles
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Origine des différents noms
Tapsa - Rusicade
Skikda - Stora - Saf-Saf

— Paul Cuttoli —

HISTOIRE DE SKIKDA - Documents annexes
– Paul et Marie Cuttoli –

Paul Cuttoli
aul Cuttoli est né le 28 juin 1864 à Saint-Eugène (Alger). Homme politique de gauche, inscrit au parti radical-socialiste, il fut le maire de Philippeville du 17 mai 1929 à son décès en 1949 (avec une interruption pendant la guerre). C’est lui qui évita que Skikda connaisse les massacres que subirent les Algériens de Sétif, Guelma et Kherrata, le 8 mai 1945, en s’opposant aux activistes européens et à la police.

- Député de Constantine de 1906 à 1919.
- Sénateur de Constantine de 1920 à 1941.
- Délégué à l'Assemblée Consultative provisoire de 1943 à 1945.
- Député de Constantine à la première Assemblée Nationale Constituante de 1945 à 1946.
- Maire de Philippeville du 17 mai 1929 à 1949 (avec une interruption pendant la guerre).

Remarquable gestionnaire, il marqua la ville de son empreinte et fut un maire exemplaire, qui œuvra énergiquement pour la ville qu’il administrait.
Le Sénateur-Maire fera pleuvoir sur la ville un flot ininterrompu de subventions afin de rattraper le retard que la ville avait pris avec ses précédents maires.
La plupart des édifices importants de Skikda, c’est à Paul Cuttoli que nous les devons :
- Dar Meriem, qu’il fit construire avant de devenir maire, en hommage à Marie Bordes qu’il épousera en 1920 (Marie, Meriem ou Myriam en arabe) - 1913.
- l'Hôtel de Ville - 1931.
- le Dispensaire Communal, ensemble sanitaire destiné aux miséreux - 1931.
- l'Artisanat, où fonctionnait une école de tapis - 1932. (actuel Centre Culturel Communal Aissat Idir).
- un nouvel Hôtel de Police - 1933.
- la gare - 1934.
- une nouvelle agence de la Banque de l'Algérie - 1934.
- le stade et l'hippodrome - 1934.
- Syndicat d'Initiatives (actuellement annexe du Commissariat) - 1935.
- piscine d’eau de mer de "Jeanne d’Arc" (Larbi Ben M’Hidi) - 1935.
- Hôtel des Postes - 1938.
- plusieurs établissements scolaires.
- l'adduction d'eau grâce à une pompe installée dans le lit du Saf-Saf ; mais surtout une conduite d'eau qui amenait à la ville les eaux du barrage du Zardaza (à 40 km au sud).
- L'aménagement de la place Marqué (actuelle Place du 1er Novembre 1954)
- etc.

Si la population algérienne restait très pauvre, il n’en demeure pas moins vrai qu’il tenta d’améliorer son sort en déposant de nombreuses propositions de lois en tant que parlementaire, comme on peut en juger d'après un résumé de sa carrière.

Paul Cuttoli fit ses études secondaires au lycée de Constantine, et son droit à la Faculté d'Alger. Licencié en droit à 19 ans, il s'inscrivit au barreau de Constantine où il plaida à la fois au criminel et au civil.

Il entra au Conseil municipal de Constantine le 8 mai 1892, alors qu'il n'avait que 27 ans et y resta jusqu'au 3 mai 1896.

Elu conseiller général de Biskra le 17 septembre 1899, il abandonna son siège, le 26 juin 1904, pour celui de Bordj-Bou-Arréridj, et devint le 9 juillet suivant vice-président de l'Assemblée départementale.

Il sera élu conseiller municipal de Philippeville le 5 mai 1929 et maire le 17 mai, pour le rester jusqu'à sa mort, en 1949.

Il fut membre de l'Assemblée des délégations financières de l'Algérie de 1901 à 1906 et désigné en cette qualité pour faire partie du Conseil supérieur du Gouvernement, mais il dut se retirer en 1906, ces mandats ne pouvant être cumulés avec celui de parlementaire. Ces cinq années passées aux délégations financières contribuèrent largement à sa formation d'homme politique.

C'est ainsi préparé qu'il se présenta aux élections générales législatives du 6 mai 1906 dans la première circonscription de Constantine. Il emporta le siège au premier tour de scrutin.
Inscrit au groupe radical-socialiste, il fut membre de diverses commissions et notamment de celle de la marine et de celle des mines.

Réélu aux élections générales du 24 avril 1910, toujours au premier tour de scrutin, par 10.516 voix, contre 16 à M. Carenco, sur 11.640 votants.
Il fit acte de candidature au renouvellement sénatorial du 11 janvier 1920 et fut élu au premier tour de scrutin à la majorité écrasante de 248 voix sur 252 votants.
Il sera élu ou réélu à chaque fois au 1er tour de scrutin et avec une majorité écrasante.

Il déposa de nombreuses propositions de lois et intervint  sur de nombreux dossiers, parmi lesquels :
- la suppression de l'internement administratif en Algérie
- l'accession des indigènes de l'Algérie aux droits politiques (1920 et 1922)
- sur le règlement du régime de l'indigénat en Algérie (1922).
- la prescription en Algérie, dans la fabrication du pain, d’un pourcentage obligatoire de farine entière de blé dur (1932)
- la semaine de 40 heures (1937)
- l'accession des indigènes musulmans d'Algérie à la qualité de citoyens français (1938)
- la création de tribunaux cantonaux mixtes en faveur des musulmans d'Algérie (1938)
- la réforme partielle de la loi forestière applicable aux musulmans d'Algérie (1938).
Il estime par ailleurs que la politique algérienne de la France doit traiter en priorité la question de l'alimentation, celle de la santé et enfin développer l'éducation des musulmans, particulièrement des filles.

Opposé au gouvernement de Vichy, Paul Cuttoli est désigné, le 22 octobre 1943 par le Conseil général de Constantine, comme Délégué à l'Assemblée Consultative provisoire d'Alger. Mandat confirmé, lorsque cette Assemblée vint s'installer à Paris. Siégeant à la Commission de la réforme de l'Etat et de la législation, à celle de l'information et de la propagande et à celle de la justice et de l'épuration, il présida, en qualité de doyen d'âge, les séances du 2 mai 1944 et des 7 et 8 novembre 1944. Il prit part en outre au débat de politique extérieure (1944) et au débat sur l'Algérie (1945).

Elu député aux élections générales du 21 octobre 1945 qui désignèrent la première Assemblée Nationale Constituante. Doyen d'âge, il prononce l'allocution d'ouverture de la session du 6 novembre 1945 qui reconduisit Charles de Gaulle à la tête du Gouvernement Provisoire de la République. Ce fut l'apothéose de sa carrière parlementaire.
Membre de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre, il présida les séances des 7 et 8 novembre 1945.

Il ne se représenta pas aux élections générales du 2 juin 1946, pour des raisons de santé. Il mourut, trois ans plus tard, le 27 avril 1949, à Alger, âgé de 85 ans.

Marie Cuttoli
arie Bordes, épouse Cuttoli (1879-1973). Marie, ou Myriam (Meriem), c'est pour elle que Paul Cuttoli fera construire le palais "Dar Meriem" (La Maison de Marie). Elle partageait certainement les idées généreuses de son mari et semblait éprouver de la compassion pour les Algériens. Voila ce qu'écrit Jean Cocteau en août 1955 :
"J'ai déjeuné chez Marie Cuttoli avec sa nièce qui est d'Oran. Elle me confirme les dires de Millicam (parti hier soir). Les répressions en Afrique du Nord sont épouvantables. Pour un Français massacré par des terroristes, on rase tout un village et on brûle tout le monde. On imite Guernica et Oradour."
On devine que Marie Cuttoli faisait allusion aux représailles et exécutions sommaires qui ont eu lieu à Philippeville qu'elle connaît pour y être venue, mais aussi aux massacres de mai 1945.

— Marie Cuttoli —

Biographie d'après le livre écrit par Dominique Paulvé.
Editrice d’art, Marie Cuttoli, fut l’instigatrice au début des années trente du renouveau de l’art de la lice. Méconnue du grand public, c’est pourtant elle qui avait invité des artistes majeurs du XXe siècle tels que Lurçat, Rouault, Picasso ou Dufy à donner des cartons de tapisserie destinés à être transformés par les liciers d’Aubusson en chefs-d’œuvre textiles.

Son mariage en 1920 avec Paul Cuttoli avait entraîné Marie à Philippeville. C’est là, au contact des brodeuses algériennes de la médina, que devait naître sa vocation. La vie de Marie Cuttoli se déroule alors entre le palais algérien de Dar Meriem (La Maison de Marie), la villa Shady Rock à Antibes, Paris, Aubusson et les Etats-Unis. Autant de lieux qui deviennent les points de rencontres avec les personnalités de l’avant-garde tels que Man Ray, Pablo Picasso, Paul Eluard ou Helena Rubinstein.

Elle commande dans un premier temps à des artistes comme Natalia Gontcharova des modèles de robes qu’elle fait exécuter par les brodeuses algériennes. Elle décide par la suite de créer un atelier de tissage à Sétif, où les jeunes femmes exécutent les cartons de tapis commandés aux peintres contemporains et notamment à Jean Lurçat. Le succès de ces premiers essais donne à Marie Cuttoli l’idée d’élargir sa production de tapis à celle de la tapisserie. Elle choisit pour cela de s’appuyer sur le talent des liciers d’Aubusson. "J’ai désiré mettre cette immense richesse de technique traditionnelle au service de l’art le plus vivant, le plus audacieux, le plus porté vers les richesses d’avant-garde", déclare-t-elle. C’est ainsi qu’elle convainc des artistes tels que Lurçat, Rouault, Picasso, Miro, Matisse, Léger ou Le Corbusier de lui donner des cartons.

— Adrienne Fidelin, Marie et Paul Cuttoli, Picasso, Dora Maar, et Man Ray au 1er plan —

Marie Cuttoli diffuse ses créations à Paris, dans sa boutique Myrbor (MYRiam BORdes).
Dès le début des années vingt, les créations Myrbor sont ainsi venu illuminer de nombreux aménagements de l’époque, commandés par une prestigieuse clientèle férue d’avant-garde. Marie Cuttoli expose dès 1936 dans les plus grands musées américains.

— Marie Cuttoli, en compagnie de Léon Blum, Nusch et Paul Eluard, Man Ray - 1938 —

Après la guerre, l’ambitieuse éditrice, qui n’a plus de boutique, se lance dans une nouvelle et dernière association avec Lucie Weill.

En 1973, Marie Cuttoli meurt à l'âge de 94 ans à Antibes où elle s’était retirée avec son compagnon le physiologiste Henri Laugier.