Histoire de Skikda / Page 6
Skikda l'Algérienne
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Les armoiries de la ville
à travers les siècles

— Cavaliers algériens —

HISTOIRE DE SKIKDA - Page 7 -
– La population algérienne de Skikda et sa région en 1837 –

LA POPULATION DU DJEBEL ET DU SAHEL
usqu'au XIXe siècle, la majeure partie de la population algérienne était organisée en tribus plus ou moins importantes. Ces tribus, pour certaines, montagnardes (dites djebeiliyas) ou aidées par le relief de leur territoire, opposaient une farouche résistance aux différents envahisseurs. Celles des plaines (dites souhaliyas), pour survivre ou quand elles ne pouvaient plus lutter à cause du déséquilibre des forces se soumettaient, avant de reprendre la lutte ; car c'était le combat inégal d'une résistance populaire sans artillerie face à une armée.
Ce déséquilibre des forces sera reconnu par le général Castellane : « [...] les Arabes, étrangers à la tactique européenne, n'ayant pas de boulets à échanger contre les nôtres, ne combattent pas à armes égales. » (Discours à la Chambre des Pairs du 4 juillet 1845).

LES TRIBUS DE SKIKDA ET DE SA REGION EN 1837
'est l'histoire des tribus de Skikda et de sa région qui est exposée ci-après. Les chiffres des recensements sont à prendre avec une certaine réserve, car erronés à cause de la difficulté à recenser des populations qui étaient plutôt méfiantes. En effet, beaucoup d'Algériens ne déclaraient pas les naissances et ce, même jusqu'à l'Indépendance.
En outre, les autorités coloniales minimisaient les résultats des recensements à des fins politiques.

Cavalier algérien (Mohamed Racim)

— Cavalier algérien —

LES BENI-MEHENNA
a tribu la plus importante de la région était celle des Beni-Mehenna.
Un "Mehenna", originaire des environs de Bougie (Béjaïa), s'était établi près de Collo. Ses quatre fils : Bécheri, EI-Khézéri, Messalaoui et Naïmi  étendirent leur influence en combattant les tribus voisines. Leurs familles s'établirent au Nord-Ouest du massif de Skikda.
Elles se composaient, à l'origine, de quatre fractions portant les noms des fils de Mehenna : les Beni-Bou-Naïm (occupant les vallées nord des Oued Guebli et Guergoura), les Ouled-Khezer (vallée de l'Oued Zacor), les M'Salaouïa (vallée de l'Oued Oudina), les Beni-Bechir  (région du Kef el Amra).
Ce furent des luttes continuelles pour maintenir leur indépendance contre les tribus dépossédées. Sous l'administration de Salah Bey (1771-1792), les Beni-Mehenna, érigés en tribus makhzen, firent de nombreuses razzias sur les populations maritimes du Massif et sur les Arb-Skikda, de la plaine de Skikda. Avec l'approbation du bey, ils s'emparèrent de ces régions.
En 1838, la tribu s'étendait donc sur la moitié Nord du massif de Philippeville (Skikda), avec les nouvelles fractions des Oulad-Khazer (vallée de l'Oued-Bibi), des M'Sala (région au nord de Stora), des Beni-Bechir (vallée de Zeramna). Elle s'était étendue également sur la rive droite du Saf-Saf jusqu'à la hauteur de l'Oued ed Nessa, avec de nouvelles fractions des Beni-Bechir, des Beni-Bou-Naïm, des Ouled-Khezer, des M' Sala.

C'est sur le territoire de cette tribu que devaient passer les colonnes françaises. C’est également sur ce territoire que sera créée Philippeville, et  que seront  installés les principaux centres de population européenne.

On l'estimait, à l'époque, à 3.000 personnes environ.

LES TAABNA
ans le massif de Skikda se trouvait encore la tribu des Taabna ou Tabena, qui occupait le douar Taabna, sur la rive droite de l'Oued Guebli, à l'Est de Tamalous. Cette tribu, d'un millier de personnes, tirait son origine d'un Taaben Ben Abdallah, des Babors. Cultivant des terres fertiles, elle avait réussi, malgré les convoitises de ses voisins, à conserver une quasi-indépendance.

LES ZERAMNA
oisine des Taabna, la tribu des Zeramna remonterait à cinq familles venues de cinq pays différents (les EI-Aïfat, les Messakher, les Gnadla, les Kherabech, les Ouled-Temer).
Les descendants surent s'unir et lutter contre leurs voisins très remuants, aidés d'ailleurs par la configuration montagneuse de leur région. Cette tribu, de 600 personnes environ, vivant en plein massif forestier, était protégée par les Beys.

LES MEDJAJA
lus au sud, à l'extrémité méridionale du massif, la tribu des Medjadja avait été créée par un célèbre guerrier : Ahmed Ben Ali, qui avait été, plusieurs siècles auparavant, investi du titre de cheikh de tout le Sahel.
Au moment de la conquête, la tribu vivait dans ses montagnes, quasi indépendante envers le bey. Sa population était de 1.300 personnes environ.

LES BENI-BOU-NAIM-SEFISFA
a tribu des Beni-Bou-Naïm-Sefisfa occupait, dans la vallée du Saf-Saf, la contrée alors connue sous le nom de Sefisfa, à l'ouest de l’emplacement de Ramdane Djamel.
Mais le Sefisfa, par sa belle situation et la richesse de son sol, finit par être tellement visité par les Turcs que la tribu abandonna la plaine et gagna la montagne (la chaîne de l’Estaya). Le Sefisfa resta alors à l'état de terrains vagues utilisés surtout pour le pacage. Cependant, quelques familles des Beni-Bou-Naïm, trop à l'étroit dans les montagnes, descendirent dans la plaine où elles occupèrent la région de la Zitouna (au nord du Sefisfa). C'est là, au nombre d'une centaine de familles, que les trouva l'occupation française.

LES BENI-ISHAQ
a partie méridionale de l'Estaya était occupée depuis plusieurs générations par la tribu des Beni-lshaq qui en avait chassé celle des Arb-Sahel.
Les  Beni-Ishaq s'étaient soumis aux Turcs et pouvaient ainsi, avec l'aide du bey, lutter contre leurs ennemis : les Beni-Mehenna. Cette lutte ne cessa que peu de temps avant la conquête. La population de cette tribu était estimée à 2.200 environ.

LES OUICHAOUA
e massif du littoral était, comme nous l'avons déjà vu, occupé, dans sa partie occidentale, par les Beni-Mehenna (fractions des Beni-Bechir, des Beni-Bou-Naïm).
Dans sa partie littorale, les Radjetas, anciens occupants, furent chassés par une très importante immigration des Ouichaoua, originaires des montagnes de Collo.
C'est eux que les Français trouvèrent, en groupes clairsemés (environ 800 personnes), dans le massif forestier du Filfila et sur la côte.

LES RADJETAS
es Radjetas occupaient le versant méridional du Massif (massif forestier des Radjetas), une partie de la vallée de l'Oued el Fendek et la vallée de l'Oued Bou el Hadjar. Ils y avaient été repoussés progressivement par les Ouichaoua et les Beni-Mehenna. Leur nombre devait atteindre les 4.000.
Chez les Radjetas, existait la zaouïa des descendants du marabout Sidi Ahmed Ben Ali, d'un millier de personnes. Ses membres se prétendaient originaires des chérifs de Fez.
La tribu occupait une grande partie de la dépression de Azzaba.

LES ARB-SKIKDA
es Arb-Skikda, qui occupaient, 100 ans auparavant, sur le bord de la mer, toute la plaine de Skikda, avaient été repoussés peu à peu par les Beni-Mehenna. Ils s'étaient alors installés dans le nord de la dépression de Azzaba.

LES ZERDAZA
ntre le bassin de l'Oued-Fendek et le bassin de l’oued Saf-Saf, région au relief très accidenté, vivait l’importante tribu des Zerdaza, formée de différentes fractions d'origine arabe et berbère qui vinrent se grouper autour de la tribu arabe des Ouled-Moussa.
Celle-ci, après avoir anéanti les Senhadjas, premiers occupants du pays, étendit sa suprématie sur tous les alentours.
Les Zerdaza, au nombre de 12.000 environ, vivaient dans un état à peu près complet d'indépendance envers le Bey.

LES OULED-ATTIA, LES EULMA-MAASELA, LES BENI-OUELBAN
e versant nord de la chaîne Numidique était occupé par trois tribus principales aux fractions enchevêtrées : les Ouled-Attia, les Eulma-Maasela, les Beni-Ouelban.
Le territoire de la tribu des Ouled-Attia ne constituait pas une seule zone homogène.
Le groupe principal se trouvait de part et d'autre de l'Oued Bou-Adjeb. Ses fractions étaient celles des Oulad-Messaoud (en 1837,  douar Messaoud), des Azebra (en 1837, douar Azebra, sur la rive droite du Saf-Saf), des Kendek Asla (sur la rive gauche du Saf-Saf).
Un autre groupe, composé des fractions des Kherfan (ou Khorfane) et des Gherazla, se trouvait sur le versant Sud de la Chaîne.
La tribu, dont les origines sont très diverses, avait, sur le versant Nord, une population de 4.500 individus et occupait dans la vallée du Saf-Saf un certain nombre d'azel : Mechta Ben Saada, Ouled-Bou Kaadra, Bou-Sénib, Mechmech ...
Un troisième groupe, les Souadek, vivait dans la région comprise entre la chaîne Numidique et Smendou.
Les Ouled-Attia, dans leur majorité, s'étaient mis au service des Turcs lorsque ceux-ci occupèrent la province.

Les Eulma Maasela s'étendaient dans trois bassins : celui du Saf-Saf, de l'Oued Guebli et de l'Oued-Smendou.
La tribu comprenait quatre fractions : les Ref-Ref (bassin de l'Oued Ref-Ref), les Sferdjala (région Sferdjala), les Sebikha (en 1837, douar Sebikha, compris entre Smendou et la chaîne Numidique) et les Ouled-Braham.
Elle était originaire d'un El Eulmi, de la plaine de Sétif. Constituée en makhzen sous les Turcs, elle était chargée de surveiller les populations turbulentes de la montagne et, à ce titre, rendait de nombreux services. 6.000 personnes la composaient

A titre indicatif, et comme nous serons appelés à parler de ces tribus qui luttèrent dans la région contre l'occupation française, nous donnons les noms des tribus de la rive gauche de l'Oued Guebli : les Beni-Ouelban (3.000 habitants), les Ouled-el-Hadj (2.000 habitants), les Beni-Salah (1.500 habitants), et les Beni-Toufout (7.050 habitants). Ces tribus s'énorgueillissaient de n'avoir jamais connu la domination turque.