Souverains d'Alger :
Beylerbeys, Aghas, Pachas, Deys
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Index historique

Qacentina - Le Palais du Bey

— Qacentina - Le Palais du Bey —

– Régence ottomane - Page 2 –
- Beyliks (provinces) et beys de la Régence algérienne -

Les provinces de la Régence algérienne
a Régence d'Alger (El Ayalla) était divisée en quatre territoires : une région soumise directement à l'autorité du Dey d'Alger, et trois provinces dirigées par des beys qui étaient secondés par des "khalifa" (lieutenants). Ces provinces, appelées "beyliks", jouissaient d'une relative autonomie. Ces quatre territoires étaient :
- Dar-el-soltan sous l'autorité du dey. Ce territoire englobait Alger et sa banlieue, la Mitidja et la Basse-Kabylie.
- Le Beylik de l'Ouest avec pour chefs-lieux successifs Mazouna, Mascara, Oran.
- Le Beylik du Titteri avec pour chef-lieu Médéa.
- Le Beylik de l'Est avec pour chef-lieu Constantine.

Alger au XIXe siècle

— Alger au XIXe siècle —

Certaines régions de ces beyliks échappaient plus ou moins au contrôle des Turcs, comme le Dahra, le Zaccar et l'Ouarsenis dans le Beylik de l'Ouest, et les massifs montagneux de Kabylie et des Aurès dans celui de l'Est.

Les beyliks étaient administrés par un bey dont la nomination et la révocation relevait du bon plaisir du dey d'Alger. Dans leur province, les Beys se comportaient comme des souverains indépendants, mais dans les autres matières, la dépendance à l'égard du pouvoir central était totale. Tous les trois ans, les beys sont obligés de venir, en personne, rendre compte de leur administration au siège du gouvernement, et devaient se déplacer à Alger tous les deux ans pour verser eux-mêmes les impôts (denouch) qu'ils avaient collectés.
Ils avaient l'obligation de répondre à toutes les demandes en hommes et en ressources que présentait la régence, et ne pouvaient s'y soustraire sous peine d'être destitués.

Chaque beylik comprenait plusieurs tribus, groupées en "watan" (districts) administrés par des caïds turcs ou autochtones. Les caïds étaient épaulés par des contingents de tribus alliées (makhzens). Ils postaient aux points stratégiques des colonies militaires (zmâla) qui, en contrepartie de privilèges et d'indemnités fiscales, assuraient le maintien de l'ordre dans la région. Les caïds étaient dépositaires de tous les  pouvoirs : civil, militaire et judiciaire. Ils veillaient également à la mise en valeur des terres pour déterminer l'assiette de l'impôt et participer à sa perception. Les attributs de leur autorité : un sceau et un burnous rouge.

Les tribus, groupes ou fractions de tribu (ferqa) étaient commandées par un "cheikh" dépendant du caïd. Ces groupements se subdivisaient en "douars", dirigés par un agent du "cheikh" ou par une "djemâ" (conseil).

Les tribus étaient intégrées dans une hiérarchie militaire et fiscale. On distingauait :
- Le makzen supérieur, composé de tribus privilégiées (douair et smala) et une aristocratie maraboutique ou guerrière (jawâd). Astreintes à fournir un appui militaire au bey, elles restaient propriétaires de leurs terres, mais déchargées des impôts non coraniques (kharadj).
- Le makzen inférieur devait aussi un service militaire, mais était dispensé du kharadj.
- Les tribus soumisent (raïas), contraintes par les tribus "makzen" de payer taxes et impôts.

Le Beylik de l'Ouest
e Beylik de l'Ouest avait son siège successivement à Mazouna, Mascara, puis à Oran quand elle fut libérée des Espagnols. Le bey Mohammed, qui sera surnommé Mohammed El-Kebir, avait délivré définitivement la ville d’Oran de l’occupation espagnole en 1792 grâce à une préparation minutieuse et l’emploi d’une forte artillerie. Les Espagnols contraints à la négociation durent évacuer la ville en 4 mois. Le bey de l'Ouest sera reçu en grande pompe par le dey d’Alger qui fera d'Oran la capitale du Beylik occidental au détriment de Mascara.

Le Beylik de l'Ouest était découpé en 3 commandements : le Khalifa dans la plaine du Chélif et 2 agahliks. Le territoire qui relevait de sa juridiction s'étendait jusqu'aux portes d'Alger. A la défense militaire d'Oran, 156 janissaires étaient affectés sur un effectif global de 1.300 dans le beylik et de 12.000 dans la régence.

Dans leur description de la région, des auteurs de diverses époques (El Bakri, Shaw, Carette...) parleront de sa fertilité et de ses productions agricoles variées. L'autonomie du beylik se limitait aux échanges économiques qu'il entretenait avec ses plus proches voisins Gibraltar et les ports espagnols. Oran cherchait souvent à se démarquer de la politique protectionniste de la régence, grâce au libéralisme de certains de ses beys. Son commerce connut un regain d'activité entre 1808 et 1813, époque de l’insurrection espagnole contre les troupes françaises de Napoléon. En contrepartie de chevaux vendus à la Junte de Cadix, la ville reçut des tonnes de poudre.

La plupart des beys d'Oran étaient des « Kouroughlis » (Turco-algériens). Entre 1735 et 1830, le beylik de l’Ouest fut souvent détenu par des membres de la famille "kouroughlie" de Bouchlagham. Le pacha d’Alger tenait compte de cette parenté lorsqu’il pourvoyait aux fonctions de bey d’Oran, pensant qu'elle serait un gage de loyauté et de compétence. En fait elle fut une source de conflits et d’instabilité.

le bey Mustafa Bouchlagham, occupe Oran de 1708 à 1732, puis s'installe à Mascara et se retire finalement à Mostaghanem où il meurt en 1737.

Le bey Mustapha el Hamar, fait construire des remparts à Mascara en 1748.

Mohammed Bey El-Kebir, auparavant khalifa d'Ibrahim Bey, puis de Hadji Krelit, sera nommé bey en 1784. Il s'installe à Oran en 1792 après en avoir chassé les Espagnols.
Alors qu'il était le khalifa d'Ibrahim Bey, Mohammed s'était déjà illustré vaillamment lors du débarquement d'O'Reilly contre Alger en 1775, à la tête de 10.000 combattants de la province.

Le 4 janvier 1831, Le général comte Charles-Marie Denys de Damrémont, chef de l'expédition entre dans Oran qui porte encore les stigmates du tremblement de terre de 1790 qui l'avait en grande partie détruite.

A partir du 17 avril 1832, des combats sporadiques éclatent entre les troupes de la garnison, sous les ordres du général Boyer et des rebelles commandés par Mahi-el-Din et son fils Abd-el-Qader. Des tribus de la région de Mascara proclament Abd-el-Qader émir. Agé de seulement 24 ans, le jeune chef dirigera le soulèvement contre la conquête coloniale française pendant 15 ans.

Dès 1834, celui-ci organise la résistance et étend son influence. En mai 1837, le Traité de Tafna lui reconnaît le titre d’Emir et consacre son autorité sur la majeure partie des provinces algéroises et oranaises, aux exceptions des villes d'Oran, Mostaghanem et Arzew. Abd-el-Qader groupe ses territoires, assied sa puissance politique et unifie administrativement les populations dans un sens égalitaire et populaire contre les Français. Une reprise des hostilités, provoquée par les Français, va entraîner l'émir dans des combats jusqu'en 1847.

Oran au XIXe siècle

— Oran au XIXe siècle —

Les Beys du beylik de l'Ouest
Siège à Mazouna Siège à Mascara
1563-? Bou Kredidja 1737-1738 Youssef (fils de Bouchlagham)
- Souag - Mustapha El-Hamar
- Seiah Bey ?-1751 Gaïd
- Saâd Bey 1751-1752 Mohammed El-Adjami
( Bey el Djedda)
- - 1752-1771 Osman
?-1687 Chaâban Bey El-Zenagui 1771-1774 Hassan bey
- - 1774-1783 Ibrahim
1700-1737 Mustafa Bouchlagham, el Masrafi 1783-1784 Hadji Krelit
Siège à Mascara puis Oran à partir de 1792
1784-1798 Mohamed Bey El-Kebir
1798-1802 Osman Bey Ben Mohamed El-Kebir-Bey (nommé bey de l'Est en 1803)
1802-1805 Mustafa Bey El-Manzalah (1ère fois)
1805-1807 Mohamed Bey Makkalas (Mekaleche) (fils de Mohamed Bey el-Kebir)
1807-1807 Mustafa Bey El-Manzalah (2e fois)
1807-1812 Mohamed El-Reqiq (Bou-Kabbous)
1812-1817 Ali Kara Bargli
1817-1831 Hassan Bey

Le Beylik du Titteri
e Beylik du Titteri avait son siège à Médéa. Le bey du Titteri, institué en 1548, était vassal, comme les beys d’Oran et de Constantine, du dey d'Alger.
De 1547 à 1775, 18 beys se succèderont. Le dernier bey Mustafa Boumezrag le dirigea de 1819 à 1830, date de l’arrivée des Français.

De 1830 à 1847, ce fut la conquête française du Titteri dont les colonnes rencontrèrent une vive résistance conduite par l’Emir Abd-el-Kader. Médéa ne tomba qu‘en 1837, alors que la lutte continuait dans le sud et les Ouled Nail. En 1845, les tribus du Djebel Dirah se soulevèrent sous la houlette du cheikh Boumaâza et ainsi  l’influence de l’Emir Abd-el-Kader allait s’étendre de Taguine (Ksar El Chellala) jusqu’à Oued Isser.

Après les traités Desmichels (1834) et de Tafna (1837), le Titteri sera au centre géographique de l’émirat qu’Abd-el-Kader constitua jusqu'en 1847.

Médéa au XIXe siècle

— Médéa au XIXe siècle —

Les Beys du beylik du Titteri
1547-1633 Redjeb Bey 1772-1775 Sofra Bey
- - 1775-1794 Mustafa El-Ouaznadji Ben Souleiman
- - 1794-1799 Mohamed Frira
?-1745 Ali Bey 1799-1801 Ibrahim Tlemceni
1745-? Mohamed Ben Ali - Hassan Bey
- - ?-1809 Mohamed Bey
- - - -
- - ?-1819 Brahem Khodja El-Gherbi
(nommé bey de l'Est en 1819)
- - 1819-1830 Mustafa Boumezrag

Le Beylik de l'Est
e Beylik de l'Est avait son siège à Constantine. C'était le beylik le plus étendu et le plus riche de la Régence. La province était composée de quatre régions avec leurs commandements indépendants les uns des autres :
- la région de l'Est.
- la région du Nord ou Sahel : de Annaba à Bejaia.
- la région de l'Ouest, de Sétif aux Portes de Fer (Biban).
- la région du Sud.

On avait coutume d'appeler la région comprise entre Constantine et la mer : le Sahel. Ses limites étaient : au Nord, la mer ; au Sud, les chaînes de montagnes du nord de Sétif ; à l’Est, la région de Annaba ; à l'Ouest, la région de Béjaïa. Elle comprenait : les Sahel de Skikda, de Collo, de Jijel, des Babors, de Bejaïa.

Alors que les villes de garnisons sont gouvernées directement par le "kaïd el asker", chaque région est gouvernée par un cheikh ou khalife, désigné par le bey, choisi parmi les anciennes familles possédant déjà autorité sur les populations, mais dont les pouvoirs militaires et administratifs dont ils disposaient, furent supprimés.

Drapeau du Beylik de Qacentina

— Drapeau du Beylik de Qacentina —

La province de Qacentina, telle que la possédait le dernier bey, Hadj Ahmed, était limitée :
- au Nord, par la Méditerranée
- au Sud, par les déserts du Sahara
- à l'Est, par la frontière de Tunis, depuis l'Oued Souf, passant par Tébessa
- à l'Ouest du Kef, jusqu'à Tabarqa
- à l'Ouest, par la chaîne des Bibans, jusqu'aux villages des Beni Mançour (Bougie et la vallée de l'Oued Sahel n'étaient pas comprises dans ce territoire)
- plus au sud, sa frontière occidentale était marquée par les petits centres de Sidi Hadjerès et de Sidi Aïssa, qui la séparaient de la province du Titteri.

Sa population était divisée en arch, ou tribus, administrées chacune par un kaïd ou cheikh, qui était nommé par le bey. La tribu se divisait en ferkas (fractions), ayant à leur tête un cheikh. La ferka se subdivisait elle-même en douar (réunion de tentes rangées en cercle) et le douar en familles ou tentes. Le plus âgé du douar, et le plus riche, en était ordinairement le chef.

Le kaïd relevait directement du bey, correspondait avec lui, recevait ses ordres et ne se trouvait en relation administrative qu'avec lui. Il faisait la police, arrêtait les malfaiteurs jugeait les différends qui s'élevaient entre ses administrés, veillait la sûreté des routes, présidait à la distribution des terres pour le labour, aidait les agents spéciaux du beylik pour la répartition de l'impôt, demeurait chargé du recouvrement, comme collecteur ; enfin, il rassemblait les cavaliers de la tribu et marchait à leur tête, lorsqu'on les appelait sous les drapeaux. Il était aidé dans ses fonctions par un taleb ou kateb (secrétaire), par un bach mekahéli et par sa zmala. Il avait sous ses ordres, les cheikhs des ferkas de la tribu.

En fait, l’autorité dépendait de la puissance de la famille du kaïd et des moyens dont celui-ci disposait ainsi que de l'appui de la garnison turque ou de la mehalla de l'agha quand celle-ci est mise en campagne par le bey pour combattre une sédition par exemple.
Les montagnes et le désert encourageaient souvent les habitants à la sédition et à s'y réfugier en cas de défaite. C’est ainsi que les beys connurent d'énormes difficultés à les gouverner et à faire rentrer les impôts, certains d'entre eux qui osèrent pénétrer dans ces massifs montagneux ou à travers le désert y laissèrent leur vie.

Ahmed Bey

— Ahmed Bey —

Le dernier bey de l'Est, Ahmed Bey, opposera une farouche résistance face aux troupes françaises. Ses troupes assiégées en 1836 infligeront une cuisante défaite à l'armée coloniale. La ville tombera après le deuxième siège en 1837, non sans avoir résisté héroïquement. Ahmed Bey continuera la lutte jusqu'en 1848. (voir la biographie d'Ahmed Bey)

Qacentina (Constantine) au XIXe siècle

— Qacentina (Constantine) au XIXe siècle —

Les Beys du beylik de l'Est
1567-1574 Ramdane Tchulak-Bey 1754-1756 Hussein-Bey Zreg-Aïnou
1574-1588 Djaâfar Bey 1756-1771 Ahmed-Bey Ben Ali El Qoli
1588-1608 Mohammed Ben Ferhat-Bey 1771-1791 Salah-Bey Ben Mostefa
1608-1622 Hassan-Bey 1792-1792 Brahem-Bey Bou-Sebaâ
1622-1647 Mourad-Bey 1792-1795 Hussein Bou-Hanek-Bey
1647-1653 Ferhat-Bey 1795-1798 Mostefa-Bey Ben Slimane El-Ouznadji
1653-1666 Mohamed Ben Ferhat-Bey 1798-1803 Hadj-Mostefa dit Ingliz-Bey
1666-1673 Redjeb Ben Ferhat-Bey 1803-1804 Osman-Bey Ben Mohamed El-Kebir-Bey (ex-bey de l'Ouest)
1673-1676 Kheireddine-Bey 1804-1806 Abdallah Khodja-Bey Ben Smaïl
1676-1679 Abderrahmane Dali-Bey 1806-1807 Hossein-Bey Ben Salah-Bey
1679-1688 Omar-Bey Ben Abderrahmane 1807-1808 Ali-Bey Ben Baba Ali
1688-1692 Chaâbane-Bey 1808-1808 Ahmed Chaouch El Qebaili
1692-1700 Ali Khodja-Bey 1808-1811 Ahmed Tobal-Bey
1700-1703 Ahmed-Bey Ben Ferhat 1811-1814 Mohamed Naâmane-Bey
1703-1707 Brahem El Euldj-Bey 1814-1818 M'Hamed Tchaker-Bey
1707-1707 Hammouda-Bey 1818-1818 Kara Mostefa-Bey
1708-1708 Ali-Bey Ben Hammouda-Bey 1818-1818 Ahmed-Bey Ben Abdullah El Memlouk (1ère fois)
1708-1709 Hussein Chaouch 1818-1819 M'Hamed Ben Daoud El-Mili-Bey
1709-1709 Abderrahmane-Bey Ben Ferhat 1819-1820 Brahem Khodja El-Gherbi
(ex-bey du Titteri)
1710-1710 Hussein Denguezli-Bey 1820-1822 Ahmed Bey Ben Abdallah El Memlouk (2ème fois)
1710-1713 Ali-Bey Ben Salah 1822-1824 Brahem Critli-Bey
1713-1736 Kelian Hussein-Bey Bou-Kemia 1824-1826 Mohamed Menamenni-Bey Ben Khan
1736-1754 Hassen-Bey Ben Hussein Bou-Hanek  1826-1848 Ahmed Bey Ben Mohamed Chérif