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— Mansourah - Mosquée mérinide (1305) —
– Souverains d'Algérie - Rois et dynasties arabo-berbères –
Le Maghreb musulman
'avénement de l'Islam au VIIe siècle est un des faits les plus considérables de l'histoire du Maghreb. En l'an 681, moins de quarante ans après la mort du Prophète Mohamed, les Arabes fondent une ville nouvelle sur un sol non souillé : Kairouan.
Puis derrière leur chef Okba Ibn Nafi, ils traversent comme une flèche l'Afrique et clament que seul l'0céan a pu les arrêter. Messagers de Dieu et de son Prophète, ils semblent invincibles.
— Cavalier arabe —
Au Xe siècle (IIIe siècle de l'Hégire), l'Afrique du Nord, toute entière, était conquise par l'Islam. Ce fut une conquète spirituelle sans précédent. Dès lors musulmane, l'Afrique du Nord va voir des dynasties et des royaumes se succéder, se combattre ou coexister, jusqu'à la fondation de la Régence par Khayr-el-Din Barberousse.
— Chevalier arabe - XIe-XIIe siècles —
Chronologie des gouverneurs de l'Afrique
REGNE DES GOUVERNEURS DE L'AFRIQUE | |||
669 - 675 | Oqba Ben-Nafa | 744 - 755 | Abd-el-Rahman Ben-Habib |
675 - 681 | Dinar Abou-el-Mohadjer | 755 - 756 | El-Yas Ben-Habib |
681 - 688 | Oqba Ben-Nafa | 756 - 761 | El-Habib Ben-Abd-el-Rahman |
688 - 697 | Zoheïr Ben-Kais | 761 - 765 | Mohammed Ben-Achath |
697 - 705 | Hassan Ben-Noman |
765 - 768 | El-Aghleb Ben-Salem |
705 - 715 | Moussa Ben-Noceïr |
768 - 772 | Omar Ben-Hafs-Hazarmed |
715 - 718 | Mohammed Ben-Yazid |
772 - 787 | Yazid Ben-Hatem |
718 - 720 | Ismaïl Ben-Abd-Allah |
787 - 788 | Daoud Ben-Yazid |
720 - 721 | Yazid Ben-Abou-Moslem |
788 - 791 | Rouh Ben-Hatem |
721 - 728 | Bichr Ben-Safouan |
791 - 793 | El-Nasr Ben-el-Habib |
728 - 732 | Obeïda Ben-Abd-el-Rahman |
793 - 795 | El-Fadel Ben-Rouh |
732 - 734 | Oqba Ben-Kodama |
795 - 797 | Hertema Ben-Aïan |
734 - 741 | Obeïd-Allah Ben-el-Habhab |
797 - 800 | Mohammed Ben-Mokatel |
741 - 742 | Koltoum Ben-Aïad |
800 - ? | Ibrahim Ben-el-Aghleb |
742 - 744 | Hendhala Ben-Sofian |
Les dynasties d'Afrique du Nord
a chute de Rome, puis des Vandales, et l’instabilité durant la période byzantine entraîne la reconstitution de plusieurs principautés berbères. Certaines, notamment dans les Aurès, vont résister à l’arrivée des musulmans entre 665 et 708, avant de se convertir à l'Islam et de constituer de puissantes dynasties qui vont régner sur l'Afrique du Nord et l'Espagne.
En 665, les Omeyades font une première incursion dans le Maghreb. C’est en 683 que Oqba Ibn Nafaa entreprend la conquête. Les Arabes défont les Byzantins, et rencontre la résistance des Berbères dont l'une des tribus, celle des Maghraoua, s'allient rapidement aux Omeyades. Au cours des années qui suivront les tribus berbères se convertissent à l'Islam et rallieront l'armée omeyyade. Musa Ben-Nusayr, gouverneur de l'Afrique, nomme Tariq Ibn-Ziyad, un Berbère, gouverneur de Tanger et le place à la tête de l'armée du Maghreb.
— Guerriers omeyyades —
En 711, la première partie de la conquête musulmane de l’Espagne sera menée par un contingent arabo-berbère sous le commandement de Tariq Ibn-Ziyad, qui donnera son nom à Gibraltar (Djebel Tariq).
Vers le VIIIe siècle, les Omeyyades étendront leur empire jusqu'au Maghreb. Il s'ensuit une importante révolte des sufrites berbères sous le commandement d'Abou Qurra. Cette révolte durera presque un siècle, plusieurs groupes ou dynasties kharidjites comme Nekkarites, Ibadites, Rostémides, se rassemblent pour se rebeller contre le pouvoir des Abbassides et Omeyades.
Ibn Rustom fonde en 761, un royaume ibadite dans le nord du Maghreb avec Tahert (près de Tiaret en Algérie) pour capitale. Celui-ci, comme l'émirat de Cordoue depuis sa création en 756, conserve son indépendance du califat des Abbassides, malgré les pressions et pertes de territoires. Par la suite, les Idrissides ainsi que les Soulimanides prennent le pouvoir sur une partie de l'Algérie de l'Ouest. Au IXe siècle, les Aghlabides alliés des Abbassides, prendront le pouvoir sur une partie de l'Algérie.
Au Xe siècle, le dai ismaélien Ubayd Allah al-Mahdi fonda la dynastie Fatimide, en Basse-Kabylie où il trouva un écho favorable à ses prêches. Les Fatimides établirent leur autorité en Afrique du Nord entre 909 et 1171 et fondèrent un califat dissident des Abbassides de Bagdad.
Leur règne est marqué par de nombreuses révoltes kharijites, notamment celle d’Abu Yezid, en 944, à la tête de tribus zénètes, qui infligèrent la plus sévère défaite à l’armée fatimide, en prenant Kairouan. Les Fatimides transfèreront alors leur capitale de Kairouan à Mahdia puis vers l’Egypte. Les Zirides s'allient avec les Fatimides et lancent une attaque contre les Zénètes. Mais, les Omeyades les repoussent, ainsi les Zénètes regagnent leurs territoires.
Les Hammadides fondent une dynastie après une divergence entre les souverains Zirides. La révolte kharidjite fut vaincue par Ziri ibn Manad, à la tête de tribus Sanhadjas, qui en sauvant l’empire reçut le poste de gouverneur du Maghreb central. En 972, lorsque les Fatimides, après l’annexion égyptienne, eurent moins d’intérêt pour le Maghreb, c’est son fils, Bologhine ibn Ziri, qui hérita du contrôle de l’Ifriqiya. Les Zirides y règneront pendant environ deux siècles.
Hammad Ibn Bologhine, le fils de Bologhine, gouvernera indépendamment des Zirides. Son Etat comprend la ville d'Achir, le Nord-Est de l’actuelle Algérie. A partir de 1014, les Hammadides reconnaissent comme califes légitimes les Abbassides sunnites de Bagdad, ils fondent ainsi la dynastie des Hammadides.
Les Zirides reconnaîtront, à leur tour, en 1046, les califes Abbassides, montrant ouvertement aux Fatimides leur abandon du chiisme. Les Ifrenides et les Maghraouides gouverneront dans l'Ouest algérien et sur une partie du sud d'Algérie et au Maroc actuel. Ces derniers rejettent l'autorité des Fatimides et des Omeyyades à la fois, selon l'historien Ibn Khaldoun.
C’est à partir de 1048, dans certaines régions du Sud, que des tribus arabes, principalement les Banu Hilal et les Banu Sulaym, immigrent en Afrique du Nord. Ces hilaliens furent envoyés par le pouvoir fatimide afin de réprimer les Zirides et les Hammadides. Par vagues successives, les Hilaliens menaient des incursions et des batailles dans les grandes villes, pillant puis détruisant tout sur leur passage.
L’Algérie tombera, sur une petite partie à l’ouest, sous le contrôle des Almoravides qui avaient évincé les Banou Ifren et les Maghraoua. Les Hammadides sont au centre et seront chassés partiellement du sud par les Hilaliens. Les Zirides restent en Ifriqiya et sont cernés par les Hilaliens au sud.
En 1152, une nouvelle dynastie s'impose, les Almohades dirigés par Abd-el-Moumen Ibn-Ali et dont le chef spirituel est Muhammad Ibn-Tumart. Les Almohades formeront un des plus puissants empires méditerranéens, unifiant le Maghreb et le pays d’Al-Andalus jusqu’en 1269. Avec les grandes villes du littoral, à l'exemple de Béjaïa, d'Annaba et d'Alger, le Maghreb central s'ouvre à l'Occident chrétien en entretenant un commerce actif.
— Guerriers almohades du califat de Cordoue (Andalousie) —
La chute des Almohades marque un tournant dans les relations avec les puissances chrétiennes. Ces dernières profitant des divisions au sein des Musulmans, s'organisent pour la Reconquista.
Au Maghreb, des dynasties zénètes s'imposent, comme les Mérinides de Fès dans le Maghreb occidental, et les Abdelwadides (Zianides) de Tlemcen dans le Maghreb central. Les Hafsides s'imposent en Tunisie et à l'Est de l'Algérie.
Ces dynasties, qui rayonnent sur l'Afrique du Nord d'abord entre le XIIIe siècle et le XIVe siècle, subissent de plus en plus, vers la fin du XVe siècle, la pression de l'essor des puissances espagnole et portugaise, ce qui, conjugué aux luttes intestines pour l'accès au trône, conduit alors à des reculs successifs de leur pouvoir et à l'émiettement de leur empire.
Abou El-Hassen souverain Mérinide de Constantine et de Béjaïa s'empare de la Tunisie et fait tomber les Hafsides.
— Chevalier musulman —
Les Rois Catholiques vont achever la reconquête de la Péninsule Ibérique en 1492. Les Musulmans d'Espagne (Mudéjars) seront persécutés et convertis (Morisques) sous la contrainte par les Catholiques. Ils seront finalement envoyés vers l'Afrique du Nord entre 1609 et 1614, par Philippe III d'Espagne, à la suite du décret d'expulsion des Morisques.
Ainsi, des milliers de familles musulmanes et juives d'Espagne s'exilent en Algérie, et viennent en masse dans les villes du nord du pays, dont : Oran, Tlemcen, Nedroma, Blida, Alger, Mostaghanem, Cherchell, Annaba, Béjaia, etc. Ces grandes familles, chassées de leur pays natal, vont changer pour beaucoup le décor de la scène sociale de l'époque. Leur apport sera très important dans la société, sur les plans, culturel, artistique, architectural, économique...
La dynastie Zianide résiste tant bien que mal, mais la menace des Espagnols sur les côtes algériennes entraînent l'intervention des frères Barberousse. L'Algérie deviend une Régence ottomane pour trois siècles. Tlemcen est prise en 1554.
Les Omeyyades (661 - 750)
ynastie de califes arabes qui a régné sur l'ensemble de l'Empire musulman (califat omeyyade), depuis sa capitale Damas (aujourd'hui en Syrie), puis dans la seule péninsule ibérique avec l'émirat de Cordoue (756-1031), érigé en califat rival des Abbassides en 929. Les Califes omeyyades succèdent aux 4 califes dits "El Rashidun" (Abu Bakr, Omar, Othman et Ali).
— Cavalerie légère - Xe siècle —
Alger est prise aux Byzantins sous le règne du Calife Abd-el-Malik (685 à 705). Sous celui de Walid (705-715), l'Empire s'étend du Sind (dans l'actuel Pakistan) à la péninsule ibérique.
L'art islamique est né en Syrie et en Palestine à l'époque des califes omeyyades. La conquête arabe ne détruit pas les ateliers qui travaillaient dans ces pays, et rien, tout d'abord, n'est changé à leur activité : les objets manufacturés de la première moitié du VIIIe s. ne se distinguent que difficilement de ceux des VIe et VIIe siècles. Ce n'est que lentement qu'ils acquièrent leur caractéristique.
Si, d'une manière générale, tous les éléments que nous rencontrons dans l'art omeyyade sont déjà connus, la façon dont ils sont utilisés est entièrement nouvelle. Ainsi, par le choix et par la juxtaposition d'éléments se constitue le premier Art Musulman.
— Les Omeyyades en Afrique du Nord - Espagne - Sud de la France vers 750 —
Chronologie de la dynastie Omeyyade
REGNE DES CALIFES DE LA DYNASTIE OMEYYADE | |||
647 - 656 | Muawiya Ier | 705 - 715 | Al Walid Ier |
680 - 683 | Yazid Ier | 715 - 717 | Suleymane Ibn Abd-el-Malik |
683 - 684 | Muawiya II | 717 - 720 | Omar II |
684 - 685 | Marwan Ier | 720 - 724 | Yazid II |
685 - 705 | Abd el Malik | 724 - 743 | Hisham Ibn Abd-el-Malik |
Les Rustémides (776 - 909)
ynastie kharidjite (ou ibadite) qui régna sur le Maghreb central de 777 environ à 909.
Elle fut fondée en 761 à Tahert (près de l’actuelle Tiaret) par le kharidjite, d’origine persane, Abd Al-Rahman Ibn-Rustem, gouverneur de Kairouan. Ce dernier se rendit indépendant du califat et fonda la dynastie qui régna jusqu'à la destruction de Tahert (909-911) par le Fatimide Ubayd Allah al-Mahdi. La dynastie kharidjite des Rustémides exerçait son autorité sur le djebel Nefousa en Tripolitaine.
De 743 à 776, l'Afrique du Nord s'enflamme sous la direction d'une révolte dirigée particulièrement par Abou Qurra des Banou Ifren contre l'impôt et le rite des Omeyyades. Une armée berbère impose la défaite à deux armées omeyyades (à Chlef, à Tlemcen et dans le Constantinois) venues d'Espagne et de Damas. L'armée berbère se met en marche pour réformer le monde islamique au Maghreb. Une division au sein de l'armée incite Abou Qurra à se retirer rapidement de cette coalition et rentre à Tlemcen. Il invite Idris à séjourner à Tlemcen. Les Berbères d'Algérie acceptent l'alliance d'Idris.
Les Berbères du royaume de Tahert épousent la querelle des Ibadites (ou Kharijites : de "kharej", faire sécession) qui avaient suivi dans son exil Abd Er-Rahmane Ben Rostem, un Persan, intraitable en matière de foi. Il faut dire que l'ordre la sécurité, la justice règnent.
— Les Rustamides vers 880 —
La carte politique de l'Afrique du Nord qui va de la Tripolitaine à l'Océan Atlantique, présente au IXème siècle, la division que nous connaissons encore. Trois royaumes se juxtaposent Tunisie, Algérie et Maroc.
Au Maghreb central, l'Algérie est gouvernée par la dynastie des Rostémides, qui règnent dans Tahert, prés de l'actuelle Tiaret. A leur simplicité d'ascètes, ces imams joignent le goût de l'étude et une culture de savants. Dans Tahert, ils assemblent de riches bibliothèques et ils envoient en Orient des missions pour acheter des manuscrits.
La science passionne leur entourage : les femmes de leurs familles s'adonnent à l'examen du dogme, de l'exégèse coranique, des pratiques du culte et de la jurisprudence islamique. D'autres sciences captent leur intérêt, en particulier l'astronomie, au sens large du terme.
Chronologie de la dynastie Roustémide
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE ROUSTEMIDE | |||
776 - 784 | Abd-el-Rahman Ibn Roustoum | 894 - 897 | Youssef Abou Hatem (1re fois) |
784 - 832 | Abd-el-Wahab Ibn Abd-el-Rahman | 897 - 901 | Yaakoub Ibn Aflah |
832 - 871 | Aflah Ibn Abd-el-Wahab | 901 - 906 | Youssef Abou Hatem (2e fois) |
871 - 871 | Abou Bakr Ibn Aflah | 906 - 909 | Yakzan Ibn Mohamed |
871 - 894 | Mohamed Abou Yaqzan |
Les Fatimides (909 - 972)
ynastie chiite ismaélienne qui régna en Afrique du Nord-Est (Ifriqiya) de 909 à 972, puis en Egypte, de 973 à 1171. Les armées berbères Kutama de basse Kabylie fondent, sous Ubayd Allah al-Mahdi, la dynastie Fatimide. Les Kutamas mettent fin à la dynastie Rostemides et conquièrent l'Ifriqiya. En effet, en 911, les Fatimides, adversaires doctrinaux des Ibadites, s'emparent de Tahert, poursuivent sur leur lancée jusqu'à Fès et imposent leur point de vue à l'ensemble du Maghreb.
La dynastie fatimide tire son nom de Fatima, fille de Mahomet et femme du quatrième calife Ali, lui-même cousin du Prophète. Ses origines remontent aux Ismaéliens, chiites dont les partisans croient à l'apparition d'un mahdi – descendant de Mahomet par Ali et Fatima dans la lignée d'Ismaïl – qui réalise la rénovation de l'islam et rétablit la justice parmi les hommes.
C'est précisément le chef de cette secte chiite, Ubayd Allah Said, devenu Ubayd Allah al-Mahdi après la prise du pouvoir, qui fonde la dynastie fatimide en 909 en Ifriqiya. Le terrain lui a été préparé par les missionnaires de son organisation, appelés dais. L'un d'entre eux, Abu Abd Allah Al-Chii, envoyé en Afrique du Nord, sait gagner à la cause de son maître les Berbères Kutamas, grâce auxquels il parvient à saper la domination aghlabide dans le Maghreb. Il occupe Raqqada, de laquelle il chasse, en mars 909, le dernier aghlabide, Ziyadat Allah III, pour y installer, le 5 janvier 910, Ubayd Allah Said, qui prend le titre de mahdi et d'amir al-muminin (« prince des croyants »). Par ce dernier titre Ubayd Allah se pose déjà en rival du calife abbasside, considéré comme usurpateur par les Fatimides, qui estiment que le pouvoir doit revenir aux seuls descendants du Prophète.
La conquête du Maghreb n'est d'ailleurs considérée par cette dynastie que comme une étape vers la domination de tout le monde musulman. Aussi, les Fatimides doivent-ils profiter de leur situation en Afrique du Nord pour se constituer une armée et une marine, et se préparer à la conquête de l'Orient. Ils parviennent à leur fin en 969, en établissant leur domination sur l'Egypte, qui devient très vite le centre de leur empire. Le quatrième calife, al-Muizz, quitte l'Ifriqiya en 972 pour s'installer au Caire (973), nouvelle capitale fondée par les Fatimides sur les rives du Nil.
La dynastie fatimide connaît donc deux périodes : une période africaine, qui va de 909 à 973, et une période orientale, qui va de 973 à 1171.
— Les Fatimides en Afrique du Nord - Sicile - Sardaigne vers 1000 —
La nouvelle dynastie trouve un Maghreb partagé entre diverses idéologies musulmanes. Terre de refuge, l'Afrique du Nord abrite alors, outre le sunnisme sous sa forme malékite, le kharidjisme sous sa forme ibadite et sufrite, et aussi le chiisme sous une forme non ismaélienne. Ces deux dernières sectes sont même représentées par deux dynasties : les Rustémides kharidjites de Tahert et les Idrisides alides de Fès.
Dans ces conditions, l'apparition des Fatimides ne peut qu'aggraver les contradictions idéologiques, provoquer des troubles et engendrer des difficultés. En outre, la division des Berbères en deux groupes – les Zénètes (Zenatas) à l'ouest et les Sanhadjas, qui comprennent les Kutamas, à l'est – constitue un facteur de perturbation. Ces difficultés sont encore accrues par les Omeyyades d'Espagne, qui, sunnites et contrôlant une partie du territoire maghrébin voisin de la péninsule, représentent une menace pour la nouvelle dynastie. A cela s'ajoute la lourde succession des Aghlabides en Sicile, où les Fatimides affrontent l'Empire byzantin.
Pour faire face à toutes ces difficultés, les nouveaux maîtres du Maghreb doivent consolider leurs assises dans ce pays. Mais cette entreprise est rendue difficile par l'application d'une politique fiscale très lourde, destinée à constituer un trésor de guerre pour assurer la conquête de l'Egypte et préparer l'installation de la dynastie sur les rives du Nil.
Dans ces conditions, les partisans des Fatimides en Afrique du Nord se limitent aux Kutamas, qui ne sont, d'ailleurs, pas toujours dociles. Les rapports de ces Berbères avec leurs maîtres ismaéliens se détériorent après l'assassinat, par Ubayd Allah al-Mahdi, du dai Abu Abd Allah. Les Kutamas se révoltent alors et vont même jusqu'à proclamer un nouveau mahdi. Les Fatimides répriment durement leur opposition et parviennent, par des faveurs de toutes sortes, à s'assurer leur appui.
Paradoxalement, le principal danger ne provient pas du sunnisme, qui constitue pourtant l'idéologie dominante du Maghreb, mais du kharidjisme, dont les adeptes sont relativement peu nombreux. Les Fatimides parviennent, tantôt par la répression, tantôt par la corruption, à assimiler l'opposition sunnite, qui ne semble pas les inquiéter outre mesure ; ils n'en ressentent réellement le danger qu'après l'alliance de Kairouan avec le kharidjite Abu Yazid (vers 883-947).
C'est en effet l'opposition kharidjite qui met la dynastie fatimide à deux doigts de sa perte. Dirigés par Abu Yazid, connu sous le nom de l'« homme à l'âne », soutenus par le calife omeyyade de Cordoue, les Kharidjites parviennent à s'emparer de plusieurs villes importantes et assiègent même pendant un an Mahdia (en arabe al-Mahdiyya), capitale des Fatimides. Ces derniers ne réduisent cette révolte qu'en 943-944, quatre ans après son déclenchement.
Les Fatimides étaient parvenus auparavant à neutraliser les Rustémides et leurs alliés les Berbères Zenatas ainsi qu'à mettre sous leur autorité les Idrisides. Ils écartent également le danger omeyyade à l'ouest du Maghreb et celui des Byzantins en Sicile. Cependant, l'ordre n'est réellement rétabli qu'à la fin de la période africaine ; c'est en effet le dernier calife africain, al-Muizz Li-Din-Allah, qui, quelques années avant son départ pour l'Egypte, assure son autorité sur l'ensemble du Maghreb, en soumettant l'ouest du pays grâce à son général Djawhar al-Siqilli (?-992).
Lorsqu'ils transfèrent leur cour en Egypte, les Fatimides nomment la dynastie Ziride pour les remplacer et imposer l'union en Afrique du Nord.
Entre-temps, les derniers Ibadites se sont réfugiés dans le désert, à Sedrata d'abord, puis dans la vallée de l'Oued M'Zab où ils fondent Ghardaïa et cinq autres villes qui abritent encore leur originale communauté.
La civilisation musulmane atteint son apogée avec les Fatimides qui rayonnèrent pendant trois siècles (du Xe au XIIe siècle). De cette époque date la Kalaâ des Beni-Hammad. Aujourd'hui, le minaret de la mosquée se dresse au milieu de ruines où les fouilles ont dénombré trois palais. L'architecture de ces demeures s'inspire de l'Orient, de l'Irak et de la Perse.
Les Fatimides laissent une réputation de constructeurs (fondation de deux capitales : Mahdia en Ifriqiya et Le Caire en Egypte) et de tolérance en matière religieuse (plusieurs juifs et chrétiens purent accéder au poste de vizir).
La chute du Royaume de Kairouan canalise vers la Kalaâ des Beni-Hammad, le courant commercial et culturel qui aidera à l'épanouissement des Hammadides.
— Drapeau fatimide —
Chronologie du califat Fatimide
Lorsqu'ils transfèrent leur cour en Egypte, les Fatimides chargent la dynastie vassale des Zirides de les remplacer et d'imposer l'union en Afrique du Nord.
REGNE DES SOUVERAINS DU CALIFAT FATIMIDE | |||
909 - 934 | Obeyd Allah El Mahdi Bi Allah | ||
934 - 946 | Abou-el-Qacem (El-Qaïm-bi-Amr-Allah) | ||
946 - 953 | Abou-Tahar Ismaïl (El-Mansour) | ||
953 - 972 | Maâd (El-Mouîz-li-Din-Allah) | ||
972 | Départ des Fatimides pour l'Egypte |
Les Zirides (935 - 1148)
ynastie berbère qui régna dans l'est de l'Afrique du Nord (972-1148) avec pour capitale Kairouan. Fondée par Youssef Bologhine ibn Ziri en 972, la dynastie doit se résigner, au XIe siècle à voir les Sanhadjas de l'Ouest devenir indépendants et crééer la dynastie des Hammadides, avec pour capitale Qalaâ des Banu Hammad, puis Bejaia.
Les Zirides rejettent l'autorité fatimide et le calife envoie contre eux les bandes bédouines des Banu Hilal, qui dévastent le pays et sèment l'anarchie (1052). Les derniers Zirides, au XIIe siècle, subissent les invasions des Normands de Sicile. Leur dynastie disparaît sous le coup des Almohades. Un autre groupe ziride a constitué une dynastie à Grenade jusqu'à la fin du XIe siècle.
— Les Zirides vers 1100 —
Chronologie de la dynastie Ziride
Lorsqu'ils transfèrent leur cour en Egypte, les Fatimides chargent la dynastie vassale des Zirides de les remplacer et d'imposer l'union en Afrique du Nord.
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE ZIRIDE | |||
935 - 973 | Ziri Ibn Menad | 1062 - 1108 | Tamim Ibn Al-Muizz |
973 - 983 | Bologhine Ibn Ziri | 1108 - 1131 | Yahya Ibn Tamim |
983 - 995 | Al-Mansur Ibn Bologhine | 1115 - 1121 | Ali Ibn Yahya |
995 - 1015 | Badis ibn Al-Mansur | 1121 - 1148 | Al-Hasan Ibn Ali |
1015 - 1062 | Al-Muizz Ibn Badis |
Les Ifrénides
Les Ifrénides (Banu Ifren) auront Tlemcen pour capitale. Ils seront renversés par les Hammadides.
Chronologie de la dynastie Ifrénide
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE IFRENIDE | |||
? - ? | Abd-Allah-Ibn-Bekkar |
1036 - 1054 | Abou -l- Kemal |
950 - 958 | Yala Ibn Mohamed | 1055 - 1056 | Youcef et Yala Bakhti |
958 - 993 | Yeddou | 1056 - 1066 | Hammad |
993 - 1029 | Habbous | 1066 - ? | Mohamed |
1029 - 1035 | Temim Ibn Ziri |
Les Maghraouides
Tout d'abord vassale des Omeyyades, la dynastie Maghraouide deviendra indépendante.
Chronologie de la dynastie Maghraouide
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE MAGHRAOUIDE | |||
970 - ? | Mohamed Ibn Al Khayr | 1040 - 1059 | Abou Attaf Donas Ibn Hamama |
986 - 988 | Attia | 1059 - 1062 | Fotoh Ibn Donas |
989 - 1001 | Ziri Ibn Attia | 1059 - 1061 | Ajissa Ibn Donas |
1001 - 1026 | El Moez Ibn Attia | 1065 - 1067 | Muanneser |
1026 - 1033 1038 - 1040 |
Hammama | 1067 - 1068 | Muanneser |
Les Hammadides (1015 - 1152)
ynastie berbère sanhadja du Maghreb central, la dynastie hammadide était consituée par une branche des Zirides de Tunisie. Elle a été vassale des Fatimides, puis des Abbassides. Ils seront alliés aux Hilaliens, et renverseront les Banou Ifren de Tlemcen.
Elle doit son nom à Hammad ibn Bologhine, dont les descendants régnèrent sur le Maghreb central à la Qala des Banu Hammad, qu'elle abandonna en 1091 pour Bejaia, fondée par al-Nasir en 1067. L'une et l'autre furent le siège d'une brillante civilisation.
— Les Hammadides vers 1100 —
Vers l'an mil (IVe siècle de l'Hégire) un Berbère de la grande tribu des Sanhaja Bologhine, fonde une ville sur les restes de l'ancienne Eikoci (ou Ikicim) phénicienne : El Djezaîr, Alger. Hammad, émir, fils de Bologhine, ressuscite lui aussi une ville, une sorte de nid d'aigle dans les monts du Hodna. Il en fait une capitale florissante : la Kalaâ des Beni Hammad. Fondé en 1007, ce centre politique et spirituel est abandonné en 1090 au bénéfice de Béjaïa, sur la mer. Car dans l'intervalle un nouveau cataclysme a fondu sur le Maghreb.
Les Fatimides du Caire, trahis par les gouverneurs zirides laissés en Ifriqiya (Tunisie), se vengent en incitant des tribus bédouines réputées pour leur sauvagerie, les Beni Hilal et les Sulaîm de Haute Egypte, à se répandre en Afrique du Nord.
De 1053 à 1057, les bandes bédouines des Banu Hilal dévastent le pays et sèment l'anarchie. L'Algérie alors paisible et prospère est mise à feu et à sang ; villes, villages, récoltes sont incendiés : les arbres fruitiers, coupés.
Le dernier Hammadide, Yahya, fut détrôné en 1152 par les Almohades.
Chronologie de la dynastie Hammadide
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE HAMMADIDE | |||
1014 - 1028 | Hammad ibn Bologhine | 1088 - 1105 | Al-Mansur ibn Nasir |
1028 - 1045 | Al-Qaid ibn Hammad | 1105 - 1105 | Badis ben Mansur |
1045 - 1046 | Muhsin ibn Qaid | 1105 - 1121 | Abd al-Aziz ibn Mansur |
1046 - 1062 | Bologhine ibn Muhammad ibn Hammad | 1121 - 1152 | Yahya ibn Abd al-Aziz |
1062 - 1088 | An-Nasir ibn Alannas ibn Hammad |
Les Almoravides (1035 - 1147)
'est en 1035 que les Almoravides, sous la direction spirituelle de Abd Allah ibn Yasin, vont entrer dans l'Histoire. Ces musulmans intransigeants, purs et durs, surgissent du désert et veulent remettre de l'ordre dans les royaumes islamiques, au Maghreb d'abord, en Espagne ensuite. Ils vont détruire les dynasties Zénètes du Maghreb (Banou Ifren et Maghraoua) et étendre leur domination sur l'Andalousie (1086).
— Guerriers almoravides —
Ils s'emparent de Sijilmassa, poste important sur la "route de l'or", fondent Marrakech, renversent les Idrissides de Fès, et passent en Andalousie afin de rétablir la situation militaire après la perte de Tolède (1085).
Ils jalonnent les côtes atlantiques de monastères-forteresses, les "ribats", qui leur ont valu leur désignation : les "Almoravides". Leur chef, Youssef ben Tachjìn, étend sa domination sur le Maghreb central où il fonde Tlemcen. Tlemcen ne fut qu'une étape ; les Almoravides s'emparèrent de Nédroma, Ténès, mais ne dépassèrent pas Alger. Guidés par le Saharien Youssef, fils de Tachfin, ils s'attribuent une mission religieuse.
— Les Almoravides en Afrique du Nord et en Espagne vers 1100 —
Youssef a laissé les plus beaux monuments de l'art musulman, en Algérie. A la première étape de sa traversée, il remonte à Agadir où il fonde Tagrart qui sera son lieu de résidence. Son modeste palais sera plutôt une dépendance de la Grande Mosquée.
Les Almoravides seront renversés par les Almohades.
Les mosquées sont le plus beau legs des Almoravides. La date de la construction de la Mosquée de Nédroma est attestée par une inscription sur bois de cèdre qui couronnait le Minbar. Ces vestiges sont conservés au Musée des Antiquités du Parc de la Liberté à Alger.
Chronologie de la dynastie Almoravide
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE ALMORAVIDE | |||
1061 - 1106 | Youssef Ibn Tachfin | 1146 - 1147 | Ibrahim Ben Tachfin |
1106 - 1142 | Ali Ben Youssef | 1147 - 1147 | Ishaq Ben Ali |
1142 - 1146 | Tachfin Ben Ali |
Les Almohades (1130 - 1269)
ynastie berbère qui se substitua à celle des Almoravides et régna sur l'Afrique septentrionale et la moitié de l'Espagne de 1147 à 1269. C'est la seule qui a réuni tout le Maghreb.
"La prospérité du royaume almoravide fut interrompue par l'apparition d'El-Mahdi, fondateur de la dynastie des Almohades". C'est ainsi qu'Ibn El-Khaldoun introduit ce nouveau personnage qui modifiera le cours de l'histoire du pays. C'est une époque mouvementée, où l'on assite à la fin de la grande épopée almoravide.
— Les Almohades en Afrique du Nord et en Espagne vers 1180 —
A la fin du règne d'Ali Ben Youssef en 1192, les Masmoûda disposaient déjà de forces redoutables. Se dirigeant vers l'Est, les troupes Almohades commandées par Abd-El-Moûmin arrivèrent aux monts de Tlemcen. En Espagne comme au Maghreb, les Almoravides furent incapables de résister aux Almohades. Seuls échappèrent les "hommes voilés", qui tenaient les Baléares : les Béni Ghaniya, qui joueront un rôle non négligeable dans l'histoire de l'Algérie.
Ibn Toûmert, dit El-Mahdi, fut le précurseur du mouvement almohade. Disciple du théologien Ghazali, ce réformateur veut appliquer en Occident les préceptes de son maître. Partout, il censure les abus et captive les auditeurs par son éloquence. Il porte controverse sur le terrain de la théologie alors que les Almoravides faisaient de la jurisprudence, leur arme de combat.
Ses partisans, les "Al-Muwahhidûn" (les Unitariens), professaient le dogme de l'unité de Dieu dans toute sa pureté. L'Algérie va prendre place dans l'histoire grâce au rôle joué par Abd El-Moumin, né à Nedroma. Grand chef guerrier, il dirigea trois campagnes qui conduisirent à l'unification de l'Afrique du Nord.
De cette époque date le premier cadastre de l'Afrique du Nord : en 1159, Abd El-Moumin ordonna l'arpentage de l'Ifriquiya et du Maghreb. On mesura depuis la Cyrénaïque jusqu'à l'Oued N'oun, de long en large. On retrancha de cette surface un tiers pour les montagnes, les rivières, les lacs salés, les routes et les déserts. Les deux-tiers restants furent frappés du "kharadj" ou impôt foncier. Ce fut là une grande innovation.
Les Almohades, souverains du Maghreb, jouissaient d'un grand prestige tant en Orient qu'en Occident. Cependant, l'Empire Almohade, rongé par les luttes intestines pour le pouvoir et par la difficulté de gouverner un si vaste empire, commençait son déclin.
Ce fut d'abord l''Espagne, qui échappa au califat almohade, suivi par la Tunisie (1236) avec les Hafsides, Tlemcen (1239) avec les Abd-Alwadides, le Maroc (1269) avec les Mérinides, qui prirent Marrakech. Ce fut la fin de la dynastie almohade.
— Guerriers almohades - XIIe-XIIIe siècles —
Les Almohades laissent le souvenir d'une dynastie guerrière, dont l'ardeur religieuse et la mission spirituelle n'allèrent pas sans intolérance et vexations à l'égard des juifs et des chrétiens. Sous sa domination, les femmes ne jouent plus de rôle dans la vie politique, comme au temps des Almoravides.
Le rigorisme de la religion et la rigidité de la morale agissent non seulement sur les mœurs, mais aussi sur l'art. Toute représentation d'êtres animés est bannie de l'architecture. L'art almohade n'accuse pas pour autant des symptômes de décadence. C'est, sous une forme austère, la rencontre des traditions andalouses et maghrébines (Giralda de Séville, mosquée de Hasan à Rabat, Kutubiyya de Marrakech).
Toutefois, le plus précieux de l'héritage almohade réside dans le domaine de la pensée. Celle-ci atteint alors ses plus hauts sommets et contribue à enrichir le patrimoine intellectuel de l'humanité. En effet, des écrivains comme ibn Tufayl, Avenzoar et Averroès, tous trois médecins et familiers du calife Youssef, devaient transmettre à l'Occident du Moyen Age et de la Renaissance les trésors de la science et de la philosophie.
— Drapeau almohade —
Chronologie de la dynastie Almohade
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE ALMOHADE | |||
1145 - 1163 | Abd al-Mumin | 1223 - 1223 | Abd al-Wahid al-Makhlu |
1163 - 1184 | Abu Yaqub Yusuf | 1224 - 1227 | Abu Muhammad al-Adil |
1184 - 1199 | Abu Yusuf Yaqub al-Mansur | 1227 - 1235 | Yahya al-Mutasim |
1199 - 1213 | Muhammad an-Nasir | 1242 - 1248 | Abu al-Hasan as-Said al-Mutadid |
1213 - 1223 | Yusuf al-Mustansir |
Les Hafsides (1228 - 1574)
a dynastie fut fondée par Abd al-Wahid ibn Hafs, à qui les Almohades confièrent la direction de l'Ifriqiya pour mieux contrer les nomades hilaliens dans la région.
En 1228, son fils Abu Zakariya Yahia Ier se déclara indépendant des Almohades de Marrakech et établit sa capitale à Tunis. Puis, il étendit sa domination vers l'Ouest sur Constantine et Béjaia (1230), puis Alger (1231), menaça même Tlemcen et se fit reconnaître suzerain des Abdalwadides de Tlemcen (1242), des Nasrides de Grenade et des Marinides du Maroc. Il soumit diverses tribus rebelles et constitua un royaume qui atteignit le Maghreb extrême, reconstituant ainsi l'ancien royaume ziride de la fin du Xe siècle.
Son fils Al-Mustansir, qui lui succéda en 1249 (1249-1277), prit le titre d'Emir des Croyants et fit de Tunis un port méditerranéen prospère et couvert de monuments. Les royaumes de Tlemcen et de Fès reconnurent alors sa suzeraineté. Il mit en échec la croisade de Louis IX en 1270.
— Les Hafsides vers 1328 —
Après une période d'anarchie et de déclin, l'Ifriqiya fut à nouveau unifiée vers 1370 et les Hafsides résidant à Tunis dominèrent jusqu'à la fin du XVe siècle tout le Maghreb.
A la fin du XVe siècle, l'arrivée des Musulmans, expulsés d'Espagne, favorisa l'essor économique, mais la dynastie eut de plus en plus de mal à résister aux incursions des Espagnols. En 1534, l'attaque de Tunis par le corsaire turc Khaïr al-Din (Barberousse), installé à Alger, entama sérieusement le pouvoir de la dynastie.
Le royaume, en proie aux attaques espagnoles, fut conquis par les pachas turcs de Tripoli (Kairouan, 1557) et d'Alger (Tunis, 1569). La dynastie disparut avec l'annexion à l'Empire Ottoman en 1574.
— Drapeau hafside —
Chronologie de la dynastie Hafside
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE HAFSIDE | |||
1229 - 1249 | Yahya Ier | 1346 - 1347 | Omar II |
1249 - 1277 | Muhammad Ier al-Mustansir | 1347 - 1347 | Abu al-Hasan ben Uthman |
1277 - 1279 | Yahya II al-Watiq | 1348 - 1350 | Ahmad Ier al-Fadî al-Mutawakkil |
1279 - 1283 | Ibrahim Ier | 1350 - 1369 | Ibrahim II al-Mustansir |
1283 - 1283 | Abd al Aziz Ier | 1369 - 1370 | Khaled II |
1283 - 1284 | Ahmad Ibn Abi Umara | 1370 - 1394 | Ahmed II al-Mustansir |
1284 - 1295 | Omar Ier | 1394 - 1434 | Abd al-Aziz II al-Mutawakkil |
1295 - 1309 | Muhammad II al-Muntasir | 1434 - 1435 | Muhammad IV al-Mutansir |
1309 - 1309 | Abu Bakr Ier ach-Chahid | 1435 - 1488 | Othman |
1309 - 1311 | Khalid Ier an-Nasir | 1488 - 1489 | Yahya III |
1311 - 1317 | Zakariya Ier al-Lihyani | 1489 - 1490 | Abd al-Mumin |
1317 - 1318 | Muhammad III al-Mustansir al-Lihyani | 1490 - 1494 | Zakariya II |
1318 - 1346 | Abu Bakr II al-Mutawakkil | 1494 - 1526 | Muhammad V al-Mutawakkil |
Les Abdelwadides (ou Ziyanides) (Tlemcen : 1235-1554)
'après Ibn Khaldoun, les Zianides, tout comme les Beni Marin (Mérinides), seraient originaires de la branche des Zénètes (Zenata) venue de Biskra (Algérie), issus de la tribu des Wassin. La dynastie berbère des Beni Zayyan (ou Zayyanides) régna sur le royaume de Tlemcen du XIIIe au XVIe siècle. Elle fut fondée par Abu Yahya ibn Zayyan Yaghamrasan, chef d'une importante tribu zénète, vassal des Almohades.Profitant de la décadence de ces derniers, et s'appuyant sur la tribu berbère des Zenâta Beni Abdelwad, proclama son indépendance en 1235. Tlemcen devint la capitale du nouveau royaume.
Les Ziyanides résistèrent avec acharnement, au XIVe siècle, aux Marinides de Fès, mais durent subir, au début du XVe siècle, l'autorité des Hafsides de Tunis, avant de s'incliner face au pacha d'Alger au milieu du XVIe siècle après le rattachement de l'Algérie à l'Empire ottoman.
— Les Zayanides vers 1328 —
Le royaume fut dès sa naissance pris en étau, entre les royaumes hafside et mérinide.
Les Hafsides imposèrent leur suzeraineté momentanée par une campagne victorieuse contre Tlemcen en 1242. Puis les Ziyanides durent repousser les Almohades (1248), et surtout faire front aux Mérinides qui, considérant le royaume comme une de leurs dépendances, multiplièrent les expéditions pour faire rentrer le petit royaume Zenâta rival dans l'obédience de Fès.
Tlemcen fut assiégée une première fois en 1248, puis prise en 1337 et annexée au royaume de Fès pendant près d'un demi-siècle (1337-1359), avant d'être libérée par Abou Hammou Moussa II, qui prendra également Alger.
Puis le royaume de Tlemcen, vassal de celui de Fès ou de celui de Tunis, traîna une vie longue et sans gloire. Les règnes se succédèrent, pour la plupart brefs et agités. La dynastie ziyanide obligée de subir les interventions mérinides et hafsides, puis la suzeraineté espagnole. Abou Abdallah Mohamed II (1505 à 1512) traite avec les Espagnols qui contrôle déjà Alger, Oran, Béjaïa, Mers-el-Kébir et Ténès. Les Algériens font appel aux Ottomans pour venir les aider.
La dynastie périt après une longue agonie sous les coups des Turcs ottomans en 1554, après le rattachement de l'Algérie à l'Empire ottoman.
— Drapeau zyanide —
Chronologie de la dynastie Ziyanide
REGNE DES SOUVERAINS DE LA DYNASTIE ZIYANIDE | |||
1236 - 1283 | Yghomracen Ibn Zyan | 1425 - 1425 | Abou Fares |
1283 - 1304 | Othmane Ibn Yghomracen | 1425 - 1425 | Abou El Abas Ahmed |
1304 - 1308 | Abou Zeyane Mohamed Ier Ibn Othmane | 1425 - 1435 | Moulay Mohamed |
1353 - 1389 | Abou Hammou Moussa II | 1435 - 1437 | Moulay Abdallah |
1389 - 1389 | Abou Zeyane | 1437 - 1438 | Abou Zeyane |
1389 - 1393 | Abou El Hadjadj Youssef | 1438 - 1475 | El Moutawakel |
1393 - 1399 | Abou Zeyane | 1438 - 1460 | Mohamed |
1399 - 1401 | Abou Mohamed | 1460 - 1488 | Abou Zakaria |
1401 - 1410 | Abou Abdallah El Tensi | 1488 - 1505 | Abou Abdallah Mohamed |
1410 - 1411 | Moulay Said Ibn Abou Hammou | 1505 - 1512 | Abou Abdallah Mohamed II |
1411 - 1425 | Abou Malek |
Les Marinides (ou Mérinides) (1258-1465)
'après Ibn Khaldoun, les Beni Marin, tout comme les Zianides, seraient originaires de la branche des Zénètes (Zenata) venue de Biskra (Algérie), issus de la tribu des Wassin. Les Banu Marin furent peu à peu, dès le XIe siècle, poussés vers l'Ouest par l'arrivée des tribus arabes des Banu Hilal.
Les Marinides tentent alors de reconstituer sous leur égide l'Empire almohade, qui, à son apogée, englobait l'ensemble du Maghreb et l'Andalousie. Ils doivent pour cela imposer leur autorité aux musulmans d'Espagne et réduire les deux dynasties des Abdalwadides (Zianides) et des Hafsides – qui se sont constituées en 1235 et en 1228 respectivement dans le Maghreb central et en Ifriqiya.
Parallèlement à des entreprises en Espagne, les Marinides manifestent leur volonté d'hégémonie sur le Maghreb central et l'Ifriqiya. Ils dirigent d'abord leurs attaques contre leurs voisins immédiats, les Abdalwadides (Zianides) de Tlemcen, dont ils envahissent le royaume à plusieurs reprises. En 1299, Tlemcen est soumise à un blocus qui durera plus de huit ans. Cette ville n'est pourtant occupée qu'en 1337 sous Abu al-Hasan et reste sous la dépendance marinide pendant le règne de son fils Abu Inan (1349-1358).
— Les Marinides vers 1300 —
Après la chute de Tlemcen, les Marinides se retournent contre les Hafsides, avec lesquels ils semblaient, jusque-là, entretenir des rapports assez cordiaux. Les sultans de Fès se présentent comme les protecteurs du royaume de Tunis contre les Abdalwadides et prennent même souvent pour épouses des princesses hafsides. Cela n'empêche pas Abu al-Hasan, pour établir son hégémonie sur tout le Maghreb, de conquérir Tunis et d'envahir l'Ifriqiya en 1347. Mais, l'année suivante, son armée succombe à Kairouan devant la coalition des tribus arabes.
Cette défaite ternit le prestige des Marinides, qui s'engagent alors dans la voie de la décadence. Repliés sur le Maghreb occidental, ils n'arrivent pas à s'imposer à l'ensemble de la population. Les tribus arabes sont de plus en plus turbulentes, les impôts rentrent mal, et les sultans perdent leur pouvoir au profit de leurs vizirs. Ceux-ci sont les représentants d'une véritable caste de hauts fonctionnaires qui finit par avoir la main sur tout le royaume, allant jusqu'à désigner les sultans eux-mêmes.
Cette situation favorise le développement des forces centrifuges et l'éclatement de l'empire. Divers prétendants entrent en lutte contre le vizir et finissent par se partager le pays. On voit alors Marrakech se dresser contre Fès. La dynastie marinide n'est pas éteinte pour autant. Elle trouve suffisamment de souffle pour neutraliser les Abdalwadides et établir même à partir de 1389 sa suzeraineté sur les sultans de Tlemcen.
Mais le coup de grâce provient des chrétiens d'Espagne, qui débarquent en 1401 en Berbérie et détruisent la ville de Tétouan. Quatorze ans plus tard, en 1415, les Portugais s'emparent à leur tour de Ceuta. Incapables de conjurer la menace extérieure, les Marinides voient leur autorité sur la population se réduire considérablement. La dynastie ne peut alors résister aux troubles et aux révolutions de palais, qui ne cessent de s'aggraver. En 1420, le sultan Abu Said (1398-1420) est assassiné. Ses successeurs survivent sous la tutelle des Wattasides, et, en 1465, les Marinides disparaissent définitivement de la scène politique, avec l'assassinat du sultan Abd al-Haqq (1420-1465).
Disparus deux siècles environ après leur avènement, les Marinides laissent le souvenir d'une brillante civilisation. Abou Yacoub construit devant Tlemcen la ville de siège Mansoura. Avec Abou Said débute le grand mouvement de construction des medersas. L’apogée de la dynastie, sous Abou al-Hassan, voit s’élever de nombreux monuments dans les grandes villes du Maroc et à Tlemcen de riches sanctuaires et medersas sont fondés.
Fès, promue au rang de capitale, est dotée d'édifices somptueux (palais, mosquées, medersas) qui témoignent d'une grande valeur artistique. Lieu de rencontre des négociants africains, andalous et chrétiens, cette ville est également un centre économique important. Elle est aussi un centre de rayonnement intellectuel. Les étudiants viennent de tous les pays de l'Occident musulman suivre les cours de son université d'al-Qarawiyyin. Comme leurs prédécesseurs, les Mérinides ont repris la tradition de mécénat qui a joué un très grand rôle dans l’épanouissement de la civilisation musulmane. Les sultans marinides attirent les fins lettrés du Maghreb et de l'Andalousie ; leur cour est fréquentée par des hommes comme Ibn Khaldun, Ibn al-Khatib, Ibn Battuta, Ibn Marzouq et bien d’autres, qui comptent parmi les noms les plus prestigieux de la culture arabe.
— Drapeau Marinide —
Les seigneurs du royaume de Koukou
Sidi Ahmed Oulkadi fut le fondateur de la dynastie des Seigneurs de Koukou et Roi d'Alger de 1520 à 1527. Des membres de sa famille lui succèderont à la tête du royaume de Koukou.
REGNE DES SOUVERAINS DU ROYAUME DE KOUKOU | |||
1520 - 1527 | Ahmed Oul-Kadi | 1598 -1633 | Amar Oul-Kadi |
1529 - 1573 | Mohamed Ben-el-Kadi (frère) | 1633 - 1697 | Hend Bel-Kadi (dit Ahmed Tounsi) |
1573 - 1583 | Ahmed Ben-Ahmed | 1697 - ? | Ali Bel-Kadi |
1584 - 1598 | Mohamed Ben-Ahmed |