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Les Raïs d'Alger

Galère sortant du port d'Alger (Mohamed Racim)

— Galère sortant du port d'Alger —

– Les Corsaires des Régences barbaresques - Page 3 –
- La Marine corsaire de la Régence d'Alger -

Préambule
’est par sa marine que la Régence d’Alger a joué un si grand rôle dans l’histoire pendant trois siècles et qu’elle s’est rendue redoutable aux chrétiens puisqu’elle imposait des tributs à la plupart des nations européennes. Comparée aux flottes européennes, la flotte algérienne était, dès le XVIIe siècle, assez considérable pour l'époque.
Quelles étaient les forces navales dont disposait la Régence ?  Albert Devoulx a établi une petite statistique qui, malgré son aridité, semble devoir présenter un vif intérêt aux personnes désireuses d’avoir des notions précises et exactes sur un passé si extraordinaire. Il a puisé les éléments de cette étude dans diverses pièces inédites et principalement dans les archives du consulat de France à Alger, ainsi que dans des documents algériens.

Cette étude "La marine de la Régence d'Alger" est parue dans la "Revue Africaine" N° 77 de septembre 1869. Comme dans sa biographie sur le raïs Hamidou, et indépendamment du sérieux de son étude, Albert Devoulx fait montre des préjugés de son époque (quoique, aujourd'hui encore...). Comme quand il affirme que les corsaires algériens n'auraient pas su naviguer loin de leurs bases sans l'aide de renégats chrétiens. Il ignorait sans doute que ce sont des pilotes arabes qui avaient ouvert la voie vers les Indes à Vasco de Gama en le guidant dans l'Océan Indien, ou bien encore que Christophe Colomb, pour sa traversée de l'Océan Atlantique, avait utilisé des instruments de navigation d'invention arabe.

De même quand on parle de voile "latine", qui est en réalité une voile d'origine arabe. Il s'agit d'une voile triangulaire, appelée à l'origine "vela alla trina" (voile à trois pointes), par opposition à la voile carrée, dite "vela alla quadra". Par corruption de langage, "vela alla trina" sera altérée en "vela latina". Cette voile triangulaire a été inventée par les navigateurs arabes pour pouvoir naviguer contre le vent, ce qui était impossible à faire avec une voile carrée. Elle équipera les galères, les tartanes, les felouques, les chebecs, les boutres, et sera plus tard installée à l’arrière des vaisseaux à trois mâts.

Albert Devoulx, désigne les raïs algériens tantôt comme des corsaires et tantôt comme des pirates. Dévalorisant à chaque occasion les corsaires barbaresques et minimisant leurs faits d'armes. Il allait jusqu'à ironiser sur les rédacteurs des registres algériens, s'étonnant que les noms européens soient altérés par la transcription arabe. Il n'imaginait pas un seul instant que lui-même altérait les noms arabes qu'il transcrivait en français !

Cet auteur était sans doute un homme honnête, mais il était influencé par les idées reçues de son époque. Quand parfois il laissait échappés quelques lignes d'admiration, il ne pouvait s'empêcher d'en diminuer la portée par des commentaires désobligeants qui tendent à minimiser les mérites des corsaires algériens. Pourtant, diriger des corvettes ou des frégates avec à bord 300 à 400 hommes, nécessite des compétences théoriques et une habilité pratique qui ne sont pas à la portée du premier venu. Sinon, comment auraient-ils pu se maintenir si longtemps en Méditerranée et braver les puissantes marines de l’époque ?

Certificats et passeports des pays amis
a Régence avait parfois signé des traités avec certains états et les corsaires algériens étaient tenus de respecter ces accords. Par conséquent, tout corsaire qui allait appareiller, devait aller chercher auprès des consulats de ces pays, des expéditions ayant deux objets distincts.

D’une part, le raïs algérien recevait des pièces destinées à l’identifier comme corsaire de la Régence et assurer tant à son navire qu’aux prises qu’il pouvait faire, l’aide éventuelle des bâtiments de guerre amis rencontrés en mer.
La France entretenait de bonnes relations avec la Régence, et pour le consulat français, ces pièces étaient :
1) Pour le croiseur algérien : un certificat de nationalité établi par le consul et contresigné par le chancelier.
Ce certificat recommandait aux commandants des vaisseaux français de coopéraient le cas échéant avec ledit navire.
2) Pour les prises : des passavants, presque toujours au nombre de deux, rédigés par le consul et contresignés par le chancelier.
Ces passavants devaient servir de laissez-passer aux prises faites par le corsaire algérien.
Ce certificat de nationalité et les passavants précisaient :
- l'appartenance du navire à la Régence d'Alger
- le type de navire et son armement
- le nom du "raïs" qui le commandait.

D’autre part, en plus de ces deux documents, le chancelier remettait au raïs un exemplaire imprimé en blanc, des passeports délivrés dans les ports de France aux navires marchands français. La remise de cette formule imprimée, ou modèle de congé, avait pour but de donner aux corsaires algériens les moyens de constater l’identité des bâtiments arrêtés par eux, et qui se prétendaient français.
On confrontait les deux passeports, or les corsaires algériens ne lisaient pas le français, pas plus d’ailleurs que les marins français n’étaient capables de lire ou parler l’arabe ; et pour vérifier l’authenticité d’un laissez-passer, les Algériens procédaient par comparaison minutieuse avec les exemplaires qui leur ont été remis par le consul de France.
Dès lors, on peut comprendre que des navires français ont pu être traités en ennemis, parce que l’un des parchemins présentait quelques différences avec l’exemplaire des corsaires.
Il s’avère que de tels malentendus étaient surtout du fait des Français, puisqu’il faut savoir que les autorités de l’ouest de la France se servaient d’un formulaire différent de celui remis aux corsaires algériens ! Une incurie aussi forte est à peine croyable, mais il en existe de nombreuses preuves dans les archives.
Les Algériens, et c’était logique, considéraient ces passeports comme nuls, puisque ne correspondant pas au modèle remis par le consul français. De ce fait, les bâtiments des ports de l’Océan Atlantique et de la Manche étaient toujours traités en ennemis par les Algériens, à cause de leurs passeports, et par conséquent créaient souvent de graves complications dans les relations entre la Régence algérienne et le consul français.

Remarques
La délivrance des expéditions françaises aux corsaires algériens était enregistrée dans des cahiers ad hoc, dont nous possédons la série complète à partir de 1737. Nous connaissons donc avec certitude, au moyen de ces documents, les bâtiments algériens qui ont pris la mer chaque année, et l’armement exact de chaque croiseur, comme nous le verrons plus loin.

Dragut - raïs algérien

— Raïs Dragut —

Composition et organisation des équipages corsaires algériens
ans les commencements de la domination ottomane, les corsaires formaient un corps spécial très jaloux de ses privilèges. Mais les Turcs réussirent bientôt à participer aux bénéfices de la course, et entrèrent, concurremment avec les marins barbaresques, dans la formation des équipages, lesquels n’avaient pas de paie et naviguaient à la part.
Voici la nomenclature des matelots d’élite et des sous-officiers :
- "Oukil el-Hardj", dépensiers chargés des vivres ; ils étaient au nombre de trois : un pour le "kamera" (état-major), un pour l’équipage et un pour les canonniers.
- "Kheznadji", chargé de la soute aux poudres.
- "Amberdj", cambusier, garde-magasin.
- "Kalafat", calfateur.
- "Mesteurdach", charpentier.
- "Britadji", gabier de perroquet.
- "Garda-kapou", gabier de hune.
- "Demamdji", timonier.
- "Sandal-Raïs", patron d’embarcation
- "Yarkandji", maître-voilier.
- "Bach-Demamdji", chef de timonerie.

La hiérarchie ci-après était établie dans l’état-major :
- "Raïs", commandant.
- "Bach-Raïs", second.
- "Raïs el-Assa", lieutenant.
- "Yakandji", chargé du détail, maître d'équipage
- "Ourdian, quartier-maître, maître de manœuvre.

Chaque navire avait en outre :
- des "Raïs et-Terik", ou capitaines de prises. Ils ne faisaient aucun service à bord et leur mission était de prendre le commandement des bâtiments capturés ;
- un "Bach-Tobdji" ou chef des canonniers, chargé de diriger le service des pièces ;
- un "Khodja", ou savant, lequel remplissait les fonctions de secrétaire du commandant et d’aumônier ; il tenait et interprétait le recueil des signaux, étant le seul, à bord, qui sut lire et écrire.

Les matelots se divisaient en deux sections :
- "Bahri, matelots d’avant,
- "Sotta Raïs", matelots d’arrière.

Le quart se relevait de six heures en six heures à partir de minuit. Les chefs de quart étaient le "Bach-Raïs" (second) ayant en sous-ordre le "Yakandji" et le "Raïs el-Assa" secondé par le "Ourdian".

Un détachement de janissaires, commandé par un "agha", s’embarquait sur tout navire qui prenait la mer. Ces soldats avaient un cuisinier spécial et faisaient bande à part. Dans les combats, ils étaient plus particulièrement chargés du service de la mousqueterie.

Les corsaires du royaume d'Alger étaient, à la fin du XVIe siècle, les premiers marins de leur temps. Leurs galères étaient d'une vitesse incomparable et leurs équipages soumis à la discipline la plus sévère. Les chiourmes étaient composées de forçats, comme celles des galères chrétiennes. Le comite, armé du fouet, courait de la poupe à la proue pour exciter les rameurs.

Galère barbaresque - Chiourme

— Galère barbaresque - Chiourme —

Pour obtenir le grade de commandant de navire, il fallait être examiné et reçu par un conseil de "raïs", assemblé sous la présidence du "Koptan" (amiral), dans le kiosque où est aujourd’hui logé le contre-amiral commandant la marine en Algérie. L’examen ne sortait pas du domaine de la pratique, les "raïs" étant aussi illettrés que les autres membres de l’état-major.
Le plus ancien des "raïs" de la flotte recevait le titre de "koptan" ou amiral ; il ne naviguait plus et avait pour logement le kiosque cité plus haut. Il y avait un autre koptan, qui commandait à la mer et qui était nommé au choix.
Pour occuper ces fonctions actives, on prenait naturellement le raïs, quel que fut son âge, que ses exploits avaient rendu plus particulièrement célèbre.

raïs algérien

— Raïs algérien (gravure allemande du XVIIIe siècle) —

Construction des navires
es Algériens avaient un chantier de construction dans lequel ils employaient les bois tirés des environs de Béjaïa (Bougie). Ces chantiers, dont un situé au pied de l'ancien Peñon et un autre à Bab-el-Oued, ont produit un grand nombre de navires de toutes dimensions, et même des frégates (dont la première sera construite en 1791). La construction de ces navires était dirigée le plus souvent par des Algériens, et quelquefois par des chrétiens, captifs ou libres.
En outre, les Algériens armaient en guerre ceux des navires marchands capturés par eux, et qui leur paraissaient propres à la course.
Quant aux mâts, vergues, cordages et autres objets indispensables pour l’entretien d’une flotte, ils étaient fournis, sous forme de tribut annuel, comprenant aussi des munitions de guerre, par les puissances d’Europe, et également par le sultan turc.

Galère algérienne - 1684

— Galère algérienne - 1684 —

Les navires de la Régence
es Algériens ne donnaient qu’exceptionnellement des noms particuliers à leurs navires, lesquels étaient habituellement désignés sous le nom de leur commandant. Les noms particuliers qu’on peut relever étaient tirés :
1) de l’origine du bâtiment, comme "La Frégate Américaine" (cadeau des Etats-Unis), "Le Brick Portugais" (provenant d’une prise aux Portugais), etc. ;
2) de la dimension : "Le Petit Chebec", "La Grande Frégate", etc. ;
3) de quelque circonstance particulière : "Le Vieux Chebec", "Le Brick Neuf", "La Polacre Noire", etc.
La nature du navire figure toujours dans ces appellations qui sont plutôt des épithètes.
Les véritables noms propres, sont très rares. Nous en avons seulement constaté une douzaine : "Le Coq du Port", "L’Aile-Verte", "La Fortunée", "La Victorieuse", "La Victoire de l’Islam", "La Clé de la Guerre Sainte", "Les Pléiades", "Le Guide d’Alexandrie", "L’Objet de la Protection Divine", "Les Grâces de la Voie du Salut", "La Terreur des Mers", "La Gazelle", etc.
Les Européens donnaient souvent aux navires des Algériens des noms de leur invention, que ces derniers ignoraient, tels que "Le Lion Blanc", "La Rose d’Or", "Les Grandes Gazelles", etc.

Chebek

— Chebek (chebec) —

Forces navales de la Régence d'Alger - XVIe au XIXe siècle
e vendredi 21 mai 1529, Kheïr-ed-Dine, continuateur de l’œuvre de son frère Aroudj, et véritable fondateur de la Régence d’Alger, réussit, enfin, à enlever le Peñon, forteresse bâtie par les Espagnols, en 1510, sur un îlot sis en face, et à portée de flèche de la ville. Il employa pour cette expédition 45 galères, fustes, brigantins et grandes barques, sur lesquels il avait placé autant de monde que possible. Il est certain que, ces navires représentaient toute la flotte algérienne. Aussitôt après sa victoire, Barberousse fit établir la charpente du port que nous avons trouvé en 1830.
Cette création, en assurant aux navires un abri relativement vaste et sûr, donna une vive impulsion à la course. Aussi, la force des Algériens s’élevait-elle à 60 bâtiments en 1530, en y comprenant, il est vrai, le contingent de plusieurs corsaires indépendants. Mais lorsqu’il revint de Tunis, conquis par Charles Quint, Kheïr-ed-Din ne trouva à Alger que 9 navires qui furent bientôt renforcés de 8 galères immédiatement construites par son ordre.

En comparant plusieurs années consécutives, et en puisant à diverses sources, en majorité algériennes ou françaises, Albert Devoulx a ainsi pu établir la liste générale de la marine algérienne.

Galère barbaresque

— Galère barbaresque —

Forces navales - 1540 à 1674
En, 1540, une flotte de 16 bâtiments fut battue par Bernard Mendosa, général des galères d’Espagne.

Le 5 juillet 1553, Salah Pacha était en mer avec une escadre de 40 voiles et battit une flottille portugaise sur la rade de Velez.
Trois ans plus tard, en 1556, ce même pacha, apprenant la prochaine arrivée de renfort que la Sublime Porte lui expédiait pour l’aider à enlever Oran aux Espagnols, appareilla à la tête de 30 galères ou galiotes.

Le pacha Hassan, fils de Barberousse, employa une flotte de 40 galères, galiotes et brigantins dans son expédition contre le roi de Fez, en 1557. A l’occasion de sa tentative contre Oran, en janvier 1563, il fit partir une escadre de 32 galères et galiotes. Enfin, il prit part au siège de Malte, en 1565, avec 28 galères ou galiotes, laissant le reste de sa flotte à Alger.

En 1570, une flotte de 7 galères et 12 galiotes, que commandait El Hadj Euldj Ali, pacha d’Alger, s’empara de 4 galères de Malte : "la Patronne", "la Sainte-Anne", "la Saint-Jean", et "la Capitane" montée par Saint Clément, général des galères. Divers trophées, tels que bannières, étendards, boucliers etc., provenant de ces navires restèrent suspendus, pendant huit ans, à la voûte de la porte de la Marine, aussi appelée "Bab el Djihad" (Porte de la Guerre Sainte). Ils furent brûlés devant le pacha, au palais, sur la réclamation des ulémas qui trouvaient inconvenant que des objets portant la croix ornassent l’entrée d’une ville musulmane.

Le 7 octobre 1571, le même El Hadj Ali pacha prit part à la bataille de Lépante avec une escadre de 60 galères dont quelques unes appartenaient à la marine algérienne. Le courage et le talent que le Pacha d’Alger avait montrés dans cette bataille, si funestes aux Turcs, lui valurent la dignité de "koptan pacha" ou généralissime de la flotte ottomane.

D’après l’historien espagnol Haedo, les forces d’Alger se composaient, en 1581, de 35 galiotes, dont 2 de 24 bancs, 1 de 23 bancs, 11 de 22 bancs, 8 de 20 bancs, 10 de 18 bancs, 1 de 19 bancs, et 2 de 15 bancs ; et d’environ 25 frégates (petits navires à rames et non pontés), de 8 à 13 bancs, y compris celles de Cherchell.

L’immigration des Morisques (Arabes d'Andalousie), expulsés d’Espagne par Philippe II, en 1609, contribua puissamment au développement de la marine des corsaires algériens.
Les navires mieux construits, mieux équipés, mieux dirigés, ne craignirent plus de franchir les bornes de la Méditerranée et s’élevèrent dans l’océan pour explorer les routes de l’Inde et de l’Amérique. L’Islande même, sera visitée en 1616, le fameux Mourad raïs promena son pavillon dans ces parages lointains.

"L’histoire de Barbarie" du père Dan, nous fournit les indications ci-après : "En Alger, il n’y avait pas davantage de 4 galères en l’an 1634, deux desquelles étaient de 24 bancs et les deux autres de 23, avec un brigantin de 15 bancs et 8 frégates de 5 à 6 bancs.... Dénombrement des navires ronds qu’ont les corsaires de Barbarie. En Alger, il y en a 70, tant de navires et polacres que grandes barques qui vont toutes en course, dont les unes portent 25 pièces de canons et les autres 35 et 40.... Le 7 d’août, de l’an 1634, je vis partir une flotte de 28 de ces navires, les plus beaux et les mieux armés qu’il fut possible de voir. Ils firent voile en Ponant pour aller attendre les vaisseaux Bretons, Normands et Anglais… A quelques huit jours de là, il partit du port une escadre de cinq autres navires qui prirent la route du Levant. Tout le reste était sur mer, il y avait déjà longtemps.... Il s’est vu des années comme en 1615 et 1616 qu’ils ont fait des prises qui se montaient à plus de deux ou trois millions".

De son côté, le chevalier d’Arvieux, qui a résidé à Alger, du 10 septembre 1674 au 4 mars 1675, en qualité d’envoyé du roi de France, nous a laissé, dans ses mémoires, les renseignements suivants : "Il n’y avait de mon temps que 3 galères dans le port d’Alger... Il y avait environ 30 vaisseaux de guerre à Alger, de différentes grandeurs. Le plus considérable n’était que de 50 pièces de canon et les autres en diminuant jusqu’à 10 ou 12..."

Polacre

— Polacre —

Forces navales d'après des sources algériennes - 1674 à 1677
Albert Devoulx a fait depuis divers documents algériens le relevé ci-après qui embrasse quatre années (1674 à 1677).

Année 1674. Les Algériens eurent en mer cette année, 26 navires, à savoir :
1) deux saëttes (saëtte ou saëttie, chitia en arabe), anciennement petit bâtiment à rames, très léger, était devenue au XVIIe siècle un assez gros navire ne se servant d’avirons qu’exceptionnellement, comme les chebecs, et dont la mâture offrait un mélange de voiles carrées et de voiles triangulaires. Les plus grosses saëttes n’avaient une voile triangulaire qu’au mât d’artimon ; les plus petites ne portaient de voiles carrées qu’au mât de misaine. Les archives du Consulat de France à Alger donnent invariablement la qualification de barques à ces navires, dont quelques uns recevaient jusqu’à 34 canons, et dans son étude, Albert Devoulx a adopté ce terme comme étant plus conforme au dernier état des choses ;
2) un bateau mi-ponté ;
3) deux frégates à rames ; 21 navires non spécifiés.

Année 1675. 2 caravelles, 3 barques ou saëttes (chitia) ; 6 frégates à rames, 24 navires non spécifiés. Total 35 bâtiments.

Année 1676. 2 caravelles, 5 frégates à rames, 21 bâtiments non spécifiés. Total 28 navires.

Année 1677 (jusqu’au 26 février seulement). 11 navires non spécifiés.

Pinque

— Pinque —

Un document algérien du XVIIe siècle, nous donne le renseignement suivant :
"L’an 1104, le douzième jour du mois de chaâban (22 avril 1693), 10 bâtiments de guerre ont été désignés pour sortir en escadre ; l’un d’eux porte des cadeaux au Grand Sultan."
(Suit une liste qui ne fait connaître ni la nature, ni l’armement des navires).

Voici les renseignements que deux voyageurs, l’un français, l’autre anglais, nous fournissent pour le commencement du XVIIIe siècle, au sujet de la marine algérienne, laquelle était placée, à cette époque, sous les ordres du marseillais Sanson qui avait embrassé la religion musulmane sous le nom de Mami Semsoum.

1724. "Les Algériens entretiennent aujourd’hui 24 vaisseaux en course, les uns de 50 pièces de canon, les autres de 40, de 30, et quelques uns n’ont que 10 pièces de canons. Ils ont outre cela quelques galiotes armées..." (Peysonnel)

1732. "La force navale des Algériens a décliné depuis quelques années. Si l’on excepte leurs galères et leurs brigantins, ils n’avaient l’an 1732, que six grands vaisseaux de 36 à 50 pièces de canons, et pas trois bons capitaines... Leur manque d’expérience et le peu de batailles navales où ils se sont trouvés ont diminué leur réputation par rapport à la marine. Ils ont cependant une grande quantité de matériaux pour bâtir des vaisseaux, de sorte que, s’ils voulaient reprendre courage et établir parmi eux une bonne discipline, ils pourraient beaucoup incommoder les Européens." (Shaw).

Pinque

— Pinque —

Forces navales d'après les documents du consulat de France à Alger - 1737 à 1827
Comme il a été dit plus haut, la délivrance des expéditions françaises aux corsaires algériens était enregistrée dans des cahiers ad hoc, dont nous possédons la série complète à partir de 1737. Nous connaissons donc avec certitude, au moyen de ces documents, les bâtiments algériens qui ont pris le mer chaque année, et l’armement exact de chaque croiseur. Il est vrai que cela ne donne pas toujours la composition totale de la flotte, attendu que quelques navires restaient quelquefois plus d’un an sans prendre d’expéditions, soit qu’ils ne naviguassent pas, soit qu’ils n’eussent pas trouvé à utiliser leurs deux passavants de prises. D’autres navires, au contraire, figurent plusieurs fois dans la même année. Cette répétition était causée soit par le changement du commandant, ce qui nécessitait un nouveau passavant en remplacement des deux délivrés lors du précédent voyage et utilisés par suite des prises opérées.

Année 1737. 1 corvette (18 canons) ; 1 caravelle (16 canons) ; 1 gabarre (8 canons et 8 pierriers) ; 3 pinques (1 de 10 canons et 6 pierriers ; 1 de 8 canons et quelques pierriers ; 1 de 8 canons et 14 pierriers) ; 2 chebecs (1 de 6 canons et 24 pierriers ; 1 de 4 canons et 14 pierriers) ; 9 galiotes (1 de 17 bancs, 6 canons et 14 pierriers ; 1 de 18 bancs ; 3 canons, 14 pierriers ; 1 (vieux chebec) de 19 bancs, 4 canons, 8 pierriers ; 1 de 20 bancs ; 3 canons, 6 pierriers ; 1 de 14 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 13 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 10 bancs, 2 canons 4 pierriers ; 1 de 8 bancs, 2 pierriers ; 1 de 7 bancs, 1 pierrier). Total : 17 navires, 100 canons, 127 pierriers.

Année 1738. 2 caravelles (1 de 24 canons (à la poupe de lion) ; 1 de 16 canons) ; 2 gabarres (8 canons, 8 pierriers) ; 1 pinque (8 canons, 14 pierriers) ; 5 chebecs (1 de 12 canons, 32 pierriers ; 1 de 6 canons, 32 pierriers, 1 de 6 canons, 14 pierriers ; 1 de 5 canons, 10 pierriers ; 1 de 3 canons, 42 pierriers) ; 1 brigantin (6 canons, 14 pierriers) ; 1 tartane (8 canons, 12 pierriers) ; 2 galiotes (1 de 18 bancs, 4 canons, 16 pierriers ; 1 de l8 bancs, 3 canons, 14 pierriers) ; 4 frégates à rames (1 de 18 bancs, 3 canons, 14 pierriers ; 1 de 2 canons, 2 pierriers ; 1 de 9 bancs, 2 pierriers ; 1 de 8 bancs, 4 pierriers). Total : 18 navires, 126 canons, 248 pierriers.

Année 1739. 2 corvettes (1 de 18 canons (qui sera démolie en janvier 1740) ; 1 de 16 Canons) ; 1 caravelle (16 canons) ; 1 gabarre (8 canons, 8 pierriers) ; 1 chebec (6 canons, 12 pierriers) ; 2 brigantins (1 de 6 canons, 24 pierriers ; 1 de 6 canons, 21 pierriers) ; 3 barques (Saëttes), (1 de 6 canons, 16 pierriers (qui sera prise par les Espagnols) ; 1 de 4 canons, 6 pierriers (sera prise par les Mayorquins, en août 1740) ; 1 de 4 canons, 16 pierriers (sera prise par les Mayorquins)) ; 1 tartane (4 canons, 12 pierriers), qui sera perdue dans le port, le 9 novembre 1740) ; 3 galiotes (1 de 13 bancs, 2 canons, 4 pierriers ; 1, de 12 bancs, 2 canons, 9 pierriers ; 1 de 9 bancs, 4 pierriers). Total : 14 navires, 98 canons, 132 pierriers.

Année 1740. 1 caravelle (16 canons) ; 3 chebecs (1 de 10 canons, 32 pierriers ; 1 de 8 canons, 54 pierriers (le Cheval Blanc) ; 1 de 6 canons, 22 pierriers) ; 1 brigantin (6 canons, 24 pierriers) qui sera perdu sur les côtes de Bougie (Béjaïa) ; 1 barque (14 canons, 8 pierriers), qui sera perdue à Marseille, en novembre 1741) ; 8 galiotes (1 de 19 bancs, 3 canons, 12 pierriers ; 1 de 18 bancs, 4 canons, 12 pierriers ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 12 pierriers ; 1 de 15 bancs, 2 canons, 12 pierriers ; 1 de 13 bancs, 2 canons, 4 pierriers ; 1 de 11 bancs, 6 pierriers ; 1 de 9 bancs, 2 pierriers ; 1 petite de 6 pierriers). Total : 14 navires, 74 canons, 206 pierriers.

Année 1741. 2 vaisseaux (1 percé pour 44 canons et armé de 40 ; 1 de 40 canons) ; 2 gabarres (1 de 6 canons et 12 pierriers ; elle sera perdue (on pense qu’elle a été prise par un coursier espagnol d’Oran) ; 1 de 12 canons) ; 1 pinque (2 canons et 8 pierriers) ; 1 barque (18 canons et 12 pierriers), sera prise par les galères de Naples ; 6 chebecs (1 grand de 12 canons, 24 pierriers ; 1 de 8 canons, 43 pierriers (sera pris à Toulon par une galère d’Espagne, en août 1741) ; 1 de 8 canons, 54 pierriers ; 1 de 6 canons, 22 pierriers ; 1 de 6 canons, 14 pierriers ; 1 de 5 canons, 10 pierriers) ; 6 galiotes (1 de 19 bancs, 5 canons, 16 pierriers ; 1 de 19 bancs, 4 canons, 16 pierriers ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 12 pierriers ; 1 de 13 bancs, 2 canons, 4 pierriers (sera pris par les Espagnols) ; 1 de 9 bancs, 2 pierriers ; 1 de 8 bancs, 2 pierriers). Total : 18 navires, 177 canons, 251 pierriers.

Année 1742. 2 vaisseaux (1 de 42 canons, qui sera perdu à Mahon le 10 décembre 1742 ; 1 de 40 canons, qui sera perdu à Mahon, le 10 décembre 1742) ; 1 caravelle (34 canons et 200 hommes), nommée l’aigle ; 1 gabarre (8 canons) ; 7 chebecs (1 de 18 canons 24 pierriers ; 1 de 16 canons, 20 pierriers (sera coulé par un vaisseau maltais, sur les côtes de Tarare) ; 1 de 10 canons, 16 pierriers ; 1 de 8 canons, 54 pierriers, appelé le Cheval Blanc ; 1 de 6 canons, 14 pierriers ; 1 de 6 canons, 12 pierriers, 1 de 4 canons, 12 pierriers). Total : 11 navires, 192 canons, 152 pierriers.

Année 1743. 4 chebecs (1 de 14 canons, 18 pierriers ; 1 de 10 canons ; 16 pierriers ; 1 de 8 canons, 8 pierriers (sera coulé par un vaisseau maltais, près de terre) ; 1 de 6 canons, 12 pierriers) ; 2 galiotes (1 de 13 bancs, 2 canons, 2 pierriers et 1 de 9 bancs, 14 pierriers). Total : 6 navires, 40 canons 70 pierriers.

Année 1744. 6 chebecs (1 de 24 canons, 26 pierriers ; 1 de 16 canons, 20 pierriers ; 1 de 14 canons, 18 pierriers ; 1 de 10 canons, 16 pierriers ; 1 de 8 canons, 54 pierriers (le Cheval Blanc) ; 1 de 4 canons, 12 pierriers). Total : 6 navires, 76 canons, 146 pierriers.

Année 1745. 1 vaisseau (46 canons) appelé le Lyon ; 1 caravelle (34 canons) appelée L’Aigle ; 5 chebecs (1 de 24 canons, 26 pierriers ; 1 de 16 canons, 20 pierriers ; 1 de 14 canons, 18 pierriers ; 1 de 8 canons, 54 pierriers (le Cheval Blanc) ; 1 de 8 canons, 16 pierriers) ; 1 galiote de 9 bancs, 4 pierriers. Total 8 navires, 144 canons, 138 pierriers.

Année 1746. 2 vaisseaux (1 de 50 canons (La Gazelle) ; 1 de 40 canons) ; 1 caravelle (34 canons), L’Aigle ; 1 chebec (8 canons, 16 pierriers) ; 3 galiotes (1 de 18 bancs, 3 canons ; 1 de 17 bancs, 4 canons, 10 pierriers ; 1 de 8 bancs, 4 pierriers). Total : 7 navires, 139 canons, 30 pierriers.

Année 1747. 1 caravelle (45 canons) ; 3 chebecs (1 de 16 canons, 20 pierriers ; 1 de 12 canons ; 1 de 8 canons, 16 pierriers) ; 3 galiotes (1 de 18 bancs, 3 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 9 bancs, 4 pierriers). Total : 7 navires, 86 canons, 46 pierriers.

Année 1748. 3 vaisseaux (1 de 50 canons, La Gazelle ; 1 de 40 canons (Le Lion) ; 1 de 40 canons) ; 1 caravelle (34 canons), L’Aigle ; 2 chebecs (1 de 16 canons ; 1 de 8 canons) ; 1 frégate à rames (2 canons, 6 pierriers). Total : 7 navires, 190 canons, 6 pierriers.

Année 1749. 3 vaisseaux : 1 de 50 canons (La Gazelle) ; 1 de 40 canons (Le Lion) ; 1 de 40 canons. ; 1 caravelle (34 canons), L’Aigle ; 1 corvette (22 canons) ; 4 chebecs (1 de 16 canons ; 1 de 14 canons ; 1 de 12 canons ; 1 de 8 canons, 16 pierriers). Total : 9 navires, 236 canons, 16 pierriers.

Année 1750. 2 vaisseaux (1 de 58 canons, "Le Dantzik", d’après un document français) ; 1 de 52 canons, "Le Château", id. ; 1 frégate à voiles (34 canons) ; 1 caravelle (34 canons) ; 7 chebecs (2 de 16 canons ; 1 de 14 canons, 20 pierriers ; 1 de 12 canons, 20 pierriers ; 3 de 12 canons) ; 1 galiote (9 bancs, 10 pierriers). Total : 12 navires, 272 canons, 50 pierriers.

Année 1751. 4 vaisseaux (1 de 58 canons (Le Dantzik), 1 de 52 canons (Le Château) ; 1 de 40 canons (Le Lion) ; 1 de 34 canons (L’Aigle)) ; 1 corvette (26 canons) ; 2 barques (saëttes) de 14 canons. ; 2 chebecs (1 de 12 canons, 6 pierriers ; 1 de 12 canons) ; 4 galiotes (1 de 18 bancs ; 1 de 12 bancs, 2 canons, 1 de 11 bancs, 4 pierriers ; 1 de 9 bancs, 2 pierriers). Total : 13 navires, 268 canons, 12 pierriers.

Année 1752. 1 frégate à voiles (34 canons) ; 1 corvette (22 canons) appelée Matchou (macho, mulet) ; 4 chebecs (1 de 22 canons ; 1 de 16 canons ; 2 de 14 canons) ; 2 galiotes (1 de 15 bancs, 8 canons, 4 pierriers ; 1 de 18 bancs, 2 canons). Total : 8 navires, 132 canons, 4 pierriers.

Année 1753. 1 frégate (34 canons) ; 1 corvette (22 canons) ; 4 barques (saëttes) (1 de 16 canons ; 1 de 14 ; 2 de 12) ; 8 chebecs (2 de 26 canons, neufs ; 1 de 22 ; 2 de 16 ; 3 de 14) ; 1 gabarre (2 canons, 8 pierriers) ; 7 galiotes (1 de 11 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 15 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 4 pierriers ; 2 de 11 bancs, 2 pierriers ; 1 de 8 bancs). Total : 22 navires, 266 canons, 28 pierriers.

Année 1754. 7 barques (2 de 16 canons (dont 1 sera déclarée ensuite impropre à la navigation) ; 1 de 14 canons ; 3 de 12 canons ; 1 de 10 canons) ; 7 chebecs (3 de 26 canons (dont 2 neufs) ; 1 de 16 canons ; 3 de 14 canons, dont 1 pris sur les Mayorquins) ; 8 galiotes (1 de 16 bancs, 6 canons ; 1 de 18 bancs, 4 canons, 6 pierriers ; 1 de 11 bancs, 2 canons, 2 pierriers ; 1 de 18 bancs, 21 canons ; 1 de 15 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 1 canon, 6 pierriers ; 1 de 12 bancs, 7 pierriers ; 1 de 11 bancs, 2 pierriers). Total : 22 navires, 245 canons, 23 pierriers.

Année 1755. 2 barques (1 de 14 canons ; 1 de 12 canons) ; 10 chebecs (4 de 26 canons ; 1 de 22 ; 2 de 16 ; 3 de 14) ; 1 gabarre (10 canons, 8 pierriers) (qui fera naufrage) ; 8 galiotes (1 de 16 bancs, 6 canons ; 1 en forme de chebec, de 16 bancs, 6 canons ; 2 de 18 bancs, 4 canons, 6 pierriers ; 1 de 18 bancs, 1 canon, 6 pierriers ; 1 de 12 bancs, 1 canon , 6 pierriers ; 1 petite de 10 bancs, 2 canons (cette galiote, prise par les Algériens sur les Ivicéens, s’est brisée à Bab Azoun le 20 mai 1755) ; 1 de 12 bancs, 2 pierriers). Total 21 navires, 260 canons, 34 pierriers.

Année 1756. 10 chebecs (4 de 26 canons ; 2 de 16 canons (dont 1 sera condamné) ; 3 de 14 canons (1 fera naufrage à la Calle ; 1 a été pris sur les Espagnols et amené à Alger le 3 juin 1756 ; 1 de 8 canons (précédemment de 14) ; 8 galiotes (1 de 16 bancs, 6 canons ; 1 neuve de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 18 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 18 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 1 canon, 6 pierriers ; 1 de 12 bancs, 2 pierriers ; 1 neuve de 8 bancs, 2 pierriers ; 1 de 9 bancs, 2 canons). Total : 18 navires, 201 canons, 16 pierriers.

Année 1757. 9 chebecs (4 de 26 canons ; 1 de 20 canons ; 1 de 14 canons (sera démoli ensuite) ; 2 de 8 canons ; 1 de 6) ; 1 polacre de 16 canons, (armement neuf provenant d’une prise) ; 1 barque (16 canons) ; 1 gabarre neuve (10 canons) ; 10 galiotes (1 de 16 bancs, 6 canons ; 1 neuve de 15 bancs, 4 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons, 4 pierriers ; 1 de 18 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 16 bancs, 2 canons ; 1 de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons ; 2 de 12 bancs, 1 canon, 6 pierriers ; 1 de 12 bancs, 2 pierriers).  Total : 22 navires, 224 canons, 24 pierriers.

Année 1758. 1 vaisseau de 48 canons ; 1 caravelle de 46 canons ; 4 chebecs (3 de 26 canons ; 1 neuf de 16 canons) ; 4 barques (saéttes), (2 de 16 canons, 1 de 14 canons, 1 de 10 canons) ; 13 galiotes (2 de 16 bancs, 6 canons ; 1 de 14 bancs, 2 canons, 8 pierriers ; 1 de 18 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 1 de 18 bancs, 2 canons ; 1 de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 canons ; 2 de 9 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 1 canon, 6 pierriers ; 1 de 12 bancs, 6 pierriers ; 1 de 11 bancs, 2 pierriers ; 1 de 8 bancs, 2 pierriers). Total : 23 navires, 271 canons, 30 pierriers.

Année 1759. 1 brick (20 canons) ; 11 chebecs (2 de 24 canons ; 6 de 4 canons ; 3 de 2 canons) ; 7 barques (saëttes), (2 de 18 canons ; 2 de 16 canons ; 1 de 10 canons ; 1 de 8 canons ; 1 de 6 canons) ; 11 galiotes (1 de 13 bancs, 4 canons ; 2 de 14 bancs, 2 canons, 8 pierriers ; 2 de 18 bancs, 2 canons, 6 pierriers ; 2 de 12 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons ; 2 de 9 bancs, 2 canons ; 1 de 8 bancs, 2 pierriers). Total : 30 navires, 212 canons, 30 pierriers.

Année 1760. 2 caravelles (44 canons) ; 2 polacres (1 de 18 canons ; 1 de 16 canons) ; 8 chebecs (1 de 26 canons ; 1 de 20 ; 1 de 14 ; 2 de 10 ; 2 de 8 ; 1 de 4) ; 9 barques (1 de 16 canons ; 1 de 14 ; 4 de 10 ; 3 de 6) ; 6 galiotes (2 de 18 bancs, 2 canons ; 2 de 12 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 petits canons ; 1 de 11 bancs, 2 petits canons). Total : 27 navires, 322 canons.

Année 1761. 10 chebecs (2 de 26 canons ; 1 de 14 ; 4 de 8 ; 3 de 4) ; 11 barques (3 de 16 canons ; 2 de 14 ; 3 de 12 ; 2 de 10 ; 1 de 8) ; 1 tartane (6 canons) ; 1 brigantin (4 canons) ; 4 galiotes (1 de 18 bancs, 2 canons ; 1 de 9 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 petits canons ; 1 de 11 bancs, 2 petits canons). Total : 27 navires, 268 canons.

Année 1762. 2 vaisseaux (52 canons) ; 1 caravelle (20 canons), prise aux Napolitains ; 1 brick (16 canons), pris aux Espagnols) ; 18 chebecs (3 de 26 canons ; 1 de 24 ; 2 de 16 canons (dont l’un lancé à l’eau à Alger en 1762) ; 3 de 10 ; 3 de 8 ; (dont 1 construit à Alger en 1762) ; 2 de 6 ; 4 de 4 canons (dont 1 provenant de prise maltaise) ; 15 barques (saëttes) (3 de 16 canons ; 3 de 14 ; 3 de 12 ; 3 de 10 ; 3 de 8) ; 2 pinques (1 de 10 canons (cette pinque, construite à Marseille, commandée par Chabroi, a été prise par Pascal Scareriche, corsaire anglais, conduite ici, vendue aux enchères et achetée par le Dey qui en a fait un armement pour son fils) ; 1 de 6 canons, ci-devant tartane ; 4 brigantins (2 de 6 canons ; 2 de 4) ; 4 galiotes (1 de 12 bancs, 2 canons ; 2 de 11 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs). Total : 47 navires, 578 canons.

Année 1763. 3 caravelles (1 de 28 canons ; 1 de 24 ; 1 de 20) ; 13 chebecs (1 de 32 canons (fait à Alger, en 1763) ; 3 de 26 canons ; 2 de 24 ; 2 de 16 ; 1 de 8 ; 2 de 6 ; 2 de 4 (dont 1 pris aux Maltais) ; 5 barques (3 de 16 canons ; 1 de 8 ; 1 de 4) ; 5 galiotes (1 de 18 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 1 canon, 4 pierriers ; 1 de 12 bancs). Total : 26 navires, 357 canons ; 4 pierriers (il y a de plus, 5 navires marchands, à savoir : 2 pinques, 1 polacre, 1 barque, 1 tartane).

Année 1764. 5 chebecs (1 de 10 canons ; 2 de 8 ; 2 de 6) ; 1 barque de 8 canons ; 4 galiotes (1 de 15 bancs, 3 canons (demi-galère construite à Alger, en 1764) ; 1 de 18 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons ; 1 de 8 bancs, 8 tromblons). Total : 10 navires, 53 canons.

Année 1765. 1 vaisseau (52 canons) ; 2 caravelles (1 de 32 canons ; 1 de 24) ; 12 chebecs (2 de 32 canons (dont 1 construit à Alger en 1765) ; 11 de 26 ; 2 de 24 ; 1 de 16 ; 3 de 10 (le passeport délivré par le consul de France pour l’un de ces chebecs, le 12 septembre 1765, porte que "Mohammed raïs en a été nommé commandant en remplacement de Hassan raïs, mort au combat livré à la demi-galère d’Espagne prise par ledit chebec") ; 1 de 8 canons ; 2 de 6) ; 5 barques (saëttes), (3 de 8 canons ; 1 de 6 (neuve) ; 1 de 4) ; 3 galiotes (2 de 11 bancs, 2 canons), dont 1 neuve ; 1 de 8 bancs, 2 pierriers) ; 1 felouque (10 bancs, 2 canons), prise aux Napolitains. Total : 24 navires, 352 canons, 2 pierriers.

Année 1766. 1 caravelle (24 canons) ; 6 chebecs (1 de 30 canons (neuf) ; 1 de 22 (neuf) ; 1 de 20 (neuf) ; 1 de 16 ; 1 de 14 (appelé "Serdouk el Marsa", le Coq du Port) ; 1 de 6 (neuf)) ; 1 petit chebec (11 bancs, 2 canons) ; 1 polacre (6 canons), 1 barque (8 canons) ; 1 brigantin de 4 canons (felouque napolitaine allongée) ; 3 galiotes (1 de 12 bancs, 2 canons (neuve) ; 2 de 11 bancs, 2 canons). Total : 14 navires, 158 canons.

Année 1767. 1 vaisseau (52 canons) ; 3 caravelles (2 de 32 canons ; 1 de 24) ; 7 chebecs (1 de 24 canons ; 1 de 22 (neuf) ; 2 de 20 ; 1 de 8 (c’est une prise) ; 2 de 4) ; 5 barques (saëttes), (2 de 20 canons ; 2 de 10 ; 1 de 8) ; 5 galiotes (2 de 12 bancs, 2 canons ; 3 de 11 bancs, 2 canons, dont 1 neuve). Total 21 navires, 320 canons.

Année 1768. 1 caravelle (42 canons) ; 12 chebecs (1 de 30 canons ; 1 de 24 ; 2 de 22 ; 2 de 20 ; 1 de 16 ; 2 de 14 ; 2 de 12 ; 1 de 10). (D’après un document algérien, l’un des chebecs s’appelait El R’oul, la goule, l’esprit lutin, et le grand chebec est une prise) ; 1 barque (20 canons) ; 4 galiotes (1 de 15 bancs, 2 canons ; 3 de 11 bancs, 2 canons). Total : 18 navires, 286 canons.

Année 1769. 6 chebecs (1 de 30 canons ; 1 de 24 ; 2 de 22 ; 1 de 16 ; 1 de 14) ; 3 barques (1 de 20 canons ; 2 de 10 canons) ; 6 galiotes (1 de 14 bancs, 6 canons ; 2 de 13 bancs, 4 canons ; 2 de 18 bancs, 2 canons ; 1 de 15 bancs, 4 pierriers). Total : 15 navires, 186 canons, 4 pierriers.

Année 1770. 1 caravelle (42 canons) ; 5 chebecs (3 de 22 canons ; 2 de 10) ; 2 barques (1 de 32 canons ; 1 de 20) ; 1 senaut (4 canons) ; 4 galiotes (2 de 13 bancs, 4 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 canons). Total : 13 navires, 196 canons.

Année 1771. 5 galiotes (1 de 13 bancs, 4 canons ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers (demi-galère) ; 2 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 canons). Total : 5 navires, 11 canons, 4 pierriers.

Année 1772. 2 chebecs (1 de 32 canons ; 1 de 16) ; 5 galiotes (1 de 18 bancs, 7 canons (demi-galére) ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers (demi-galère) ; 2 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 canons). Total : 7 navires, 64 canons, 4 pierriers.

Année 1773. 2 chebecs (1 de 16 canons ; 1 de 10 canons), d’après les documents algériens, 1 chebec sera perdu sous la caserne Makaroun, qui deviendra plus tard magasin de la pharmacie centrale de Macaron ; 2 barques (1 de 20 canons ; 1 de 10) ; 4 galiotes (1 de 18 bancs, 7 canons (demi-galère) ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers (demi-galère) ; 1 de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons). Total : 8 navires, 70 canons, 4 pierriers.

Année 1774. 2 caravelles (armement non indiqué) ; 5 chebecs (3 de 32 canons ; 2 de 10) ; 3 barques (1 de 20 canons, 2 de 10) ; 5 galiotes (1 de 18 bancs, 3 canons (demi-galère) ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers (demi-galère) ; 1 de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons ; 1 de 9 bancs, 1 canon). Total : 15 navires, 171 canons, 4 pierriers.

Année 1775. 6 chebecs (1 de 18 canons ; 5 dont l’armement n’est pas indiqué) ; 1 barque (20 canons) ; 2 galiotes (armement non indiqué). Total : 9 navires, 38 canons.

Année 1776. 5 chebecs (2 de 32 canons ; 1 de 18 canons ; 2 de 10 canons) ; 2 barques (1 de 32 canons ; 1 de 10) ; 12 galiotes (1 de 18 bancs, 7 canons (demi-galère) ; 2 de 18 bancs ; 5 canons (demi-galères) ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers (demi-galère) ; 2 de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons ; 2 de 11 bancs, 2 canons ; 1 de 8 bancs, 2 canons ; 2 de 13 bancs ; 1 canon). Total : 19 navires, 178 canons, 4 pierriers.

Année 1777. 4 chebecs (3 de 18 canons ; 1 de 10) ; 2 barques (saëtes), (1 de 32 canons ; 1 de 10) ; 1 pinque (7 canons) ; 8 galiotes (1 de 18 bancs, 7 canons (demi-galère) ; 2 de 19 bancs, 5 canons (demi-galères) ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers (demi-galère) ; 1 de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons ; 1 de 10 bancs, 8 tromblons). Total : 15 navires ; 139 canons, 4 pierriers, 8 tromblons.

Année 1778. 3 chebecs (1 de 18 canons ; 2 de 10) ; 8 barques (saëttes), (1 de 34 canons ; 2 de 32 ; 2 de 24 ; 1 de 18 ; 2 de 10) ; 7 galiotes (1 de 18 bancs, 7 canons ; 2 de 19 bancs, 5 canons ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers ; 2 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons). Total : 18 navires, 248 canons, 4 pierriers.

Année 1779. 2 chebecs (1 de 18 canons ; 1 de 10) ; 11 barques (1 de 34 canons ; 2 de 32 ; 1 de 24 ; 2 de 22 ; 2 de 18 ; 3 de 10) ; 6 galiotes (2 de 19 bancs, 5 canons (demi-galères) ; 1 de 11 bancs, 4 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons ; 2 de 11 bancs, 2 canons). Total : 19 navires, 280 canons.

Année 1780. 9 chebecs (4 de 18 canons ; 1 de 14 ; 1 de 10 ; 1 de 14 bancs, 6 canons, 2 de 4 canons) ; 10 barques (saëttes) (1 de 30 canons ; 1 de 28 ; 2 de 26 ; 2 de 22 ; 1 de 20 (neuve) ; 1 de 18 ; 1 de 16 (neuve) ; 1 de 10) ; 9 galiotes (1 de 18 bancs, 7 canons (demi-galère) ; 2 de 19 bancs, 5 canons (demi-galéres) ; 1 de 14 bancs, 4 canons ; 1 de 18 bancs, 3 canons, 4 pierriers ; 2 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 canons ; 1 de 11 bancs, 2 canons). Total : 28 navires, 360 canons, 4 pierriers.

Année 1781. 4 chebecs (1 de 18 canons ; 2 de 14 bancs, 4 canons ; 1 de 4 canons) ; 8 barques (1 de 30 canons ; 1 de 28 ; 1 de 26 ; 2 de 22 ; 2 de 18 ; 1 de 10) ; 4 galiotes (1 de 14 bancs, 4 canons ; 2 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 12 bancs, 2 canons). Total : 16 navires, 214 canons.

Année 1782. 7 chebecs (1 de 34 canons ; 2 de 24 ; 2 de 18 ; 1 de 10 ; 1 de 14 bancs, 4 canons) ; 10 barques (3 de 30 canons ; 2 de 28 ; 1 de 26 ; 2 de 22 ; 1 de 18 ; 1 de 10) ; 2 felouques (10 bancs, 6 canons) ; 4 galiotes (2 de 14 bancs, 4 canons ; 2 de 13 bancs, 2 canons). Total : 23 navires, 400 canons.

Année 1783. 6 chebecs (1 de 34 canons ; 2 de 24 ; 1 de 18 ; 2 de 14 bancs, 4 canons) ; 6 barques (1 de 30 canons ; 1 de 28 ; 1 de 26 ; 1 de 24 ; 1 de 22 ; 1 de 18) ; 1 felouque (10 bancs, 6 canons) ; 6 galiotes (2 de 19 bancs, 5 canons (demi-galères) ; 2 de 14 bancs, 4 canons ; 1 de 14 bancs, 2 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons). Total : 19 navires, 284 canons.

Année 1784. 4 chebecs (1 de 34 canons ; 1 de 24 canons ; 1 de 18 ; 1 de 14 bancs, 4 canons) ; 6 barques (1 de 30 canons ; 1 de 28 ; 1 de 26 ; 1 de 24 ; 1 de 22 ; 1 de 18) ; 1 felouque (10 bancs, 6 canons) ; 2 galiotes (1 de 14 bancs et 4 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons). Total ; 13 navires, 240 canons.

Année 1785. 7 chebecs (1 de 34 canons ; 2 de 24 ; 2 de 18 ; 2 de 4) ; 10 barques (saëttes), (2 de 30 canons ; 2 de 28 ; 1 de 26 ; 2 de 24 ; 2 de 22 ; 1 de 18) ; 5 galiotes (1 de 14 bancs, 4 canons ; 1 de 14 bancs, 2 canons ; 2 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 9 bancs, 2 canons). Total ; 22 navires, 390 canons.

Année 1786. 7 chebecs (1 de 34 canons ; 2 de 24 ; 2 de 18 ; 2 de 4) ; 6 barques (1 de 30 canons ; 1 de 28 ; 1 de 26 ; 1 de 24 ; 1 de 22 ; 1 de 18) ; 5 galiotes (3 de 14 bancs, 4 canons ; 2 de 13 bancs, 2 canons). Total 18 navires, 220 canons (plus, 2 chaloupes canonnières et 1 bombarde, parties d’Alger à destination de Tunis, le 16 février).

Année 1787. 4 chebecs (1 de 34 canons ; 1 de 24 ; 1 de 16 (neuf) ; 1 de 4) ; 6 barques (1 de 30 canons ; 1 de 28 ; 1 de 26 ; 1 de 24 ; 1 de 22 ; 1 de 18) ; 3 galiotes (2 de 14 bancs, 4 canons (dont 1 neuve) ; 1 de 11 bancs, 2 canons). Total : 13 navires, 36 canons.

Année 1788. 6 chebecs (1 de 34 canons ; 1 de 24 ; 2 de 16 ; 2 de 4) ; 7 barques (1 de 30 canons ; 1 de 28 ; 2 de 26 ; 1 de 24 ; 1 de 22 ; 1 de 18) ; 4 galiotes (2 de 14 bancs, 4 canons ; 2 de 13 bancs, 2 canons). Total : 17 navires, 284 canons.

Année 1789. 4 chebecs (1 de 34 canons ; 1 de 16 (neuf) ; 2 de 4) ; 6 barques (2 de 30 canons ; 2 de 28 ; 1 de 26 ; 1 de 24) ; 2 galiotes (1 de 14 bancs, 4 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons). Total : 12 navires, 230 canons.

Année 1790. 1 chebec (4 canons) ; 1 barque (26 canons) ; 2 galiotes (1 de 14 bancs, 4 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons). Total : 4 navires, 36 canons.

Année 1791. 1 frégate (44 canons ; bâtiment neuf, construit à Alger, en 1791, par un maître espagnol) ; 1 corvette (30 canons ; construite à Toulon, en 1788) ; 2 chebecs (1 de 16 canons ; neuf, reconstruit à Alger en 1790, ayant été commencé à Bougie (Béjaïa) ; 1 de 4 canons) ; 3 galiotes (1 de 14 bancs, 4 canons ; 1 de 13 bancs, 2 canons ; 1 de 8 bancs, 2 pierriers). Total : 7 navires, 100 canons, 2 pierriers.

Année 1792. 3 frégates (2 de 44 canons ; 1 de 38 canons, dite "El Merikaniya", l’Américaine) ; 2 corvettes (30 canons) ; 3 chebecs (1 de 34 canons ; 1 de 26 camons (neuf) ; 1 de 16) ; 2 barques (32 canons). Total : 10 navires, 326 canons.
La Régence envoya à l’escadre ottomane une division de cinq navires.

Année 1793. 3 frégates (2 de 44 canons ; 1 de 38 ; 4 corvettes de 30 canons (1 venant du Levant, 1 de construction anglaise et 1 de construction française)) ; 2 briks (22 canons) ; 1 polacre de 18 canons (prise génoise) ; 4 chebecs (1 de 24 canons (c’est l’un des deux chebecs revenus de France ; il avait précédemment 26 canons) ; 1 de 18 canons ; 1 de 12 ; 1 de 10 (c’est l’autre des deux chebecs revenus de France), il avait 16 canons) ; 4 galiotes (2 pierriers), appartenant au Bey de Mascara. Total : 18 navires, 372 canons, 8 pierriers.

Année 1794. 3 frégates (2 de 44 canons ; 1 de 38, dite l’Américaine) ; 2 corvettes (30 canons) ; bricks de 22 canons (1 appartenant à la fille du Dey ; sera perdu à Carthagène) ; 2 polacres (8 canons); 6 chebecs (1 de 24 ; 2 de 18 (dont 1 neuf construit à Bougie (Béjaïa)) ; 2 de 12 ; 1 de 4) ; 4 galiotes (2 de 12 paires de rames, appartenant au Bey de Constantine ; 2 du Ponant). Total : 20 navires, 376 canons.

Année 1795. 1 frégate (44 canons) ; 4 corvettes (30 canons) ; 1 brick (22 canons) qui sera perdu ; 3 chebecs (1 de 24 canons ; 2 de 18) ; 1 galiote de 12 paires de rames. Total : 10 navires, 246 canons.

Année 1796. 1 frégate (44 canons) ; 5 corvettes (30 canons) ; 12 chebecs (6 de 24 canons (dont 2 neufs) ; 2 de 18 ; 2 de 10 ; 2 de 6) ; 1 corsaire (?) appelé la Morticana (?), de 4 canons, appartenant au Bey d’Oran ; 4 galiotes (1 de 26 rames, 5 canons (demi-galère, au Bey du Ponant) ; 1 de 26 rames, 3 canons (neuve, au Dey) ; 2 de 12 paires de rames). Total 23 navires, 418 canons.

Année 1797. 1 frégate (36 canons), nommée "El Merikaniya" (l’Américaine) ; 2 corvettes (30 canons) ; 7 chebecs (3 de 24 canons ; 1 de 18 ; 1 de 16 ; 1 de 10 ; 1 de 6 (au Dey) ; 1 cutter de 16 canons (au Dey) ; 2 corsaires (?) (1 de 16 ; 1 de 6). Total : 13 navires, 256 canons.

Année 1798. 2 frégates (36 canons) ; 3 corvettes (2 de 30 ; 1 de 26) ; 4 polacres (1 de 22 canons ; 1 de 18 ; 1 de 16 ; 1 de 6) ; 2 goélettes (12 canons) ; 1 cutter (16 canons) ; 11 chebecs (2 de 34 canons ; 2 de 24 ; 3 de 18 ; 1 de 16 ; 1 de 10 ; 2 de 6) ; 2 corsaires (?) (1 de 6 canons ; 1 de 4) ; 1 demi-galère de 17 paires de rames (5 canons) ; 1 barque à trois-mâts (4 canons), au bey d’Oran. Total : 27 navires, 487 canons (plus 2 barques sans canons).

Année 1799. 2 frégates (36 canons), dont 1 appelée "El Merikaniya" ; 4 polacres (2 de 22 canons ; 1 de 18 ; 1 de 6) ; 1 brick (22 canons) ; 6 chebecs (1 de 34 canons ; 2 de 32 ; 1 de 18, 1 de 16 ; 1 de 10 canons, appelé "Kirlankotch") ; 2 goélettes (12 canons). Total : 15 navires, 328 canons.

Frégate

— Frégate —

Année 1800. 2 frégates (36 canons), dont 1 nommée "l’Américaine" ; 1 brick (22 canons) ; 4 polacres (2 de 22 canons ; 1 de 18 ; 1 de 6) ; 2 goélettes (1 de 16 ; 1 de 12) ; 6 chebecs (1 de 34 canons ; 2 de 32 ; 1 de 18 ; 1 de 16 ; 1 de 10, appelé "Kirlankotch") ; 1 demi-galère de 3 canons. Total : 16 navires, 335 canons.

Année 1801. 1 frégate (36 canons) dite "l’Américaine" ; 1 brick (22 canons) ; 2 chebecs (1 de 32 canons ; 1 de 10) ; 1 galiote. Total 5 navires, 100 canons.

Année 1802. 4 frégates (1 de 46 canons ; 1 de 44 canons (elle a été prise sur les Portugais, le 8 mars 1802, par le célèbre raïs Hamidou, montant une frégate de 44 canons. Ce navire s’appelait "le Cygne", et les Algériens lui donnèrent le nom d’"El Portekiza" (la Portugaise) ; 2 de 36 canons, dont 1 dite l’Américaine) ; 1 brick (22 canons) ; 3 polacres (1 de 22 canons ; 1 de 18 ; 1 de 8 canons, à trois-mâts) ; 3 goélettes (1 de 20 canons ; 1 de 18 ; 1 de 16) ; 6 chebecs (2 de 32 canons ; 1 de 28 ; 2 de 24 ; 1 de 10, appelé "Kirlankotch" (mis au rebut)) ; 2 demi-galères de 12 bancs (1 de 4 canons et 1 de 3), appartenant au Bey de Constantine ; 1 felouque de 8 bancs (2 canons), appartenant au Bey de Constantine. Total : 20 navires, 445 canons.

Année 1803. 3 frégates (1 de 46 canons ; 1 de 44 ; 1 de 36 (l’Américaine)) ; 7 chebecs (2 de 32 canons ; 1 de 28 ; 2 de 24 (dont 1 a été pris par un vaisseau portugais de 74 canons) ; 2 de 18 (dont 1 neuf) ; 1 brick (22 canons) ; 2 goélettes (1 de 18 canons ; 1 de 16) ; 4 polacres (1 de 22 canons ; 1 de 18 ; 1 de 8 canons, à trois-mâts ; 1 de 4, à trois-mâts). Total : 17 navires, 410 canons.

Année 1804. 2 frégates (1 de 44 canons ; 1 de 36 canons appelée "l’Américaine") ; 2 bricks (22 canons) ; 1 goélette (18 canons) ; 1 polacre (22 canons) ; 4 chebecs (2 de 32 canons ; 1 de 28 ; 1 de 24). Total : 10 navires, 280 canons.

Année 1805. 3 frégates (1 de 46 canons ; 1 de 44 ; 1 de 36) ; 1 brick (22 canons) ; 2 polacres (1 de 22 canons ; 1 de 18) ; 1 goélette (16 canons) ; 3 chebeks (1 de 32 canons ; 1 de 28 ; 1 de 24). Total : 10 navires, 282 canons.

Année 1806. 3 frégates (1 de 50 canons (neuve) ; 1 de 46 ; 1 de 44) ; 2 polacres (1 de 22 ; 1 de 6) ; 1 goélette (16 canons) ; 5 chebecs (1 de 32 canons ; 1 de 28 ; 2 de 6 ; 1 du 4) ; 1 pinque (4 canons) ; 1 bateau (2 canons) ; 2 felouques (1 canon). Total : 15 navires, 268 canons.

Année 1807. 3 frégates (1 de 50 canons ; 1 de 46 ; 1 de 44) ; 2 polacres (1 de 18 canons ; 1 à trois-mâts, sans canons) ; 2 chebecs (1 de 32 canons ; 1 de 20) ; 1 bateau à voiles latines (4 canons) ; 1 spéronade à 1 mât (2 canons) ; 5 chaloupes canonnières, à 1 mât et 1 canon (allant sur la côte de Tunis pour le service de la Régence) ; 5 chaloupes canonnières ou bombardières, à 1 mât. Total : 9 navires, 10 chaloupes canonnières, 221 canons.

Année 1808. 3 frégates (1 de 50 canons ; 1 de 46 ; 1 de 44) ; 6 polacres (1 de 22 canons ; 1 de 18 ; 1 de 16 ; 1 de 14 ; 1 de 10 ; 1 de 4) ; 7 chebecs (1 de 32 canons ; 1 de 28 ; 1 de 22 ; 1 de 20 ; 1 de 16 ; 1 de 14 ; 1 de 12) ; 2 bâtiments à voiles latines (4 canons) ; 1 yacht expédié en courrier sur la côte d’Espagne ; 1 yacht marchand. Total : 20 navires, 376 canons.
Plus, 10 chaloupes canonnières ou bombardières, mâtées pour un trajet de mer et pontées ; une cinquantaine de chaloupes canonnières ou bombardières pour opposer à une attaque contre la ville ; 2 galiotes de 2 canons pour la garde du port.

Année 1809. 2 frégates (1 de 50 canons ; 1 de 44) ; 2 polacres (1 de 16 canons ; 1 de 10, à trois-mâts) ; 3 chebecs (1 de 26 canons ; 1 de 14 ; 1 de 4) ; 1 corvette marchande (4 canons). Total : 8 navires, 168 canons.

Année 1810. 3 frégates (1 de 50 canons ; 1 de 46 ; 1 de 44) ; 1 corvette (20 canons) (présent du Grand Seigneur) ; 2 bricks (1 de 22 canons ; 1 de 20, pris aux Portugais) ; 2 polacres (1 de 18 ; 1 de 6) ; 2 chebecs (20 canons) ; 1 demi-galère (3 canons), à 36 rames. Total : 11 navires, 269 canons.

Année 1811. 2 frégates (1 de 46 canons ; 1 de 44, prise aux Tunisiens le 22 mai 1811, par le raïs Hamidou) ; 1 corvette (24 canons), polacre grecque confisquée ; 1 brick (20 canons) ; 1 chebec (20 canons) ; 1 sandal (1 canon) ; 11 demi-galère de 36 rames (3 canons). Total : 7 navires, 158 canons.

Année 1812. Liste générale de la flotte algérienne. 5 frégates (1 de 50 canons, appelée "La Grande Frégate" ; 1 de 46 canons, appelée "La Frégate du raïs Hamidou", du nom de son commandant ; 1 de 44 canons, nommée "La Portugaise" ; 1 de 44 canons, nommée "La Tunisienne" ; 1 neuve de 38 canons) ; 2 corvettes (1 de 24 canons, appelée "Merzouk" ; 1 de 20 canons) ; 2 bricks (1 de 22 canons, nommé "Le Portugais" ; 1 de 22 canons dit "Le Brick Neuf") ; 1 goélette (4 canons) provenant de Tunis, conduite à Alger par des soldats turcs insurgés ; 1 polacre (16 canons) ; 1 chebec (20 canons) ; 1 demi-galére de 36 rames (3 canons) ; 2 sandals (un bateau de 1 canon). Total : 15 navires, 355 canons.
Plus 8 chaloupes, canonnières ou bombardières pontées et mâtées pour un trajet de mer, et une cinquantaine de chaloupes canonnières pour opposer à une attaque contre la ville. Lorsque ces dernières chaloupes n’étaient pas nécessaires à la défense de la ville, on les déposait dans de vastes magasins ménagés sous le Fort-Neuf (Bordj-el-Djedid ; aussi appelé Bordj-Ezzebla, le Fort des Immondices), bâti sur le bord de la mer, près de la porte Bab-el-Oued.

Année 1813. 1 frégate (44 canons) ; 2 corvettes (1 de 24 canons ; 1 de 14 (prise aux Grecs) ; 1 brick (22 canons) ; 1 brigantin de 8 canons (pris aux Américains) ; 2 chaloupes canonnières (2 canons) ; 8 chaloupes canonnières à un mât, pontées (2 canons) ; 11 chaloupes bombardières armées d’un mortier et portant un mât ; 25 chaloupes d’un canon et portant 1 mât. Total : 7 navires, 46 chaloupes canonnières, 157 canons, 11 mortiers.

Année 1814. 3 frégates (1 de 50 canons ; 2 de 44) ; 3 corvettes (1 de 30 canons (prise aux Grecs) ; 1 de 24 ; 1 de 20) ; 2 bricks (1 de 22 canons ; 1 de 20 ; 1 demi-galère de 36 rames, 5 canons). Total : 9 navires, 259 canons.

Année 1815. 4 frégates (1 de 50 canons ; 1 de 46 canons (ce bâtiment fut pris, le 16 juin 1815, par une division américaine, placée sous le commandement de Decatur, et portant William Shaler, envoyé des Etats-Unis. Le célèbre raïs Hamidou fut tué dans ce combat) ; 1 de 44 (La Portugaise) ; 1 de 44 (La Tunisienne)) ; 3 corvettes (1 de 30 canons ; 1 de 24 ; 1 de 20) ; 2 bricks (1 de 22 canons ; 1 de 90) ; 1 demi-galére de 36 rames (5 canons). Total 10 navires, 305 canons.

Année 1816. En 1816, antérieurement à l’expédition de lord Exmouth, la flotte comptait les navires ci-après : 5 frégates (1 de 50 canons, nommée "La Grande Frégate" ; 1 de 46 canons, dite du raïs Hamidou (restituée par les Américains après la conclusion de la paix) ; 1 de 44 canons, nommée "La Portugaise" ; 1 de 44 canons, nommée "La Tunisienne" ; 1 de 38 canons) ; 4 corvettes (1 de 30 canons ; 2 de 24 canons, dont une nommée "Merzouk" ; 1 de 20 canons) ; 3 bricks (1 de 22 canons, dit "Le Portugais", 1 de 20 canons ; 1 de 8 canons) ; 2 goélettes (1 de 16 canons ; 1 de 4 canons) ; 1 demi-galère de 39 rames (3 canons) ; 6 bombardières portant chacune 1 mortier ; 8 canonnières pontées et mâtées pour trajet de mer ; une trentaine de chaloupes non pontées, pour les opposer à une attaque contre la ville. Total : 15 navires et 14 chaloupes pouvant naviguer, portant ensemble 401 canons et 6 mortiers, plus 30 chaloupes, environ, ne naviguant pas.
Le 27 août 1816, l’escadre anglo-hollandaise que commandait lord Exmouth, attaqua Alger et incendia la flotte algérienne. Sept jours après les pertes qu'ils venaient de subir, les Algériens s’occupaient déjà de mettre des navires en mer.
Le 7 septembre 1816, le consul de France délivrait des expéditions : à raïs Ahmed, pour un brick de 22 canons et à raïs Mehemet, pour une goélette de 18 canons, appartenant précédemment à M. Francovich, et échangée contre un brick de la Régence.
Albert Devoulx n’a pu savoir si ces deux bricks avaient pu échapper à l’incendie de la flotte ou bien s’ils étaient absents au moment de l’attaque. L’année suivante va nous donner quelques détails sur la reconstitution de la marine algérienne.

Année 1817. 3 bricks (1 de 22 canons, cité en 1816 ; 1 de 18 canons, venu de Livourne où il avait été acheté pour le compte de la Régence ; 1 de 14 canons, appartenant précédemment à M. Cranzaz, qui l’a vendu à la Régence) ; 2 polacres (1 de 18 canons, présent du Bey de Tripoli ; 1 de 16 canons, à trois mâts, achetée à un capitaine napolitain) ; 2 goélettes (1 de 14 canons, construite à Livourne pour la Régence, arrivée à Alger le 18 juillet 1817 ; 1 de 18 canons, citée en 1816). Total : 7 navires, 120 canons.

Année 1818. 2 frégates (1 de 46 canons (envoyée par le Grand Seigneur) ; 1 de 36 canons (envoyée au Dey par le roi du Maroc) ; 1 de 32 canons (construite à Alger et lancée le 30 mars 1818 ; ce n’est qu’une grosse corvette) ; 1 corvette de 20 canons (sera démolie en 1820) ; 4 bricks (1 de 22 canons ; 2 de 18 ; 1 de 14) ; 1 polacre (16 canons) à trois-mâts ; 2 goélettes (1 de 18 canons ; 1 de 14 canons). Total : 11 navires, 252 canons.

Année 1819. M. Devoulx n’a pas trouvé de documents pour cette année.

Année 1820. 3 frégates (1 de 46 canons ; 1 de 36 canons ; 1 de 32 canons) ; 2 corvettes de 36 canons (dont 1 venue de Constantinople) ; 5 bricks (1 de 22 canons ; 1 de 18 ; 1 de 16 ; 1 de 14 ; 1 de 6 (pris aux Tunisiens) ; 1 polacre (16 canons) ; 2 goélettes (1 de 18 canons ; 1 de 14) ; 1 chebec (10 canons). Total : 14 navires, 320 canons.

Année 1821. 3 frégates (1 de 50 canons ; 1 de 36 ; 1 de 32) ; 3 corvettes (2 de 36 canons ; 1 de 32 qui sera perdue en entrant dans le port d’Alexandrie ; 5 bricks (1 de 22 canons, qui sera démoli à Constantinople ; 2 de 18 canons ; 1 de 16 canons qui sera perdu en entrant dans le port d’Alexandrie ; 1 de 16 canons (acheté de M, Bastien, constructeur à Livourne) ; 1 polacre (18 canons) ; 2 goélettes (1 de 16 canons, qui restera à Constantinople pour faire partie de l’escadre ottomane) ; 1 de 12 canons) ; 1 chebec (10 canons). Total : 15 navires, 368 canons.
Une division de 8 navires fut envoyée à la Turquie pour l’assister dans sa guerre contre les Grecs. Six de ces navires durent subir d’importantes réparations à leur arrivée à Constantinople, un autre fut démoli.

Année 1822. 1 brick (8 canons) ; 1 corvette, appelée "La Bonne Femme" par un document français et "El Toulouniya" (La Toulonnaise) par les Algériens, fut refondue à Toulon sur les chantiers du commerce. Ces travaux, qui durèrent du 8 février au 12 octobre 1822, occasionnèrent une dépense totale de 298.720,59 Fr, y compris 17.460,93 Fr formant le prix de 30 caronades de 18 et de 14 caronades de 12, qui furent cédées par la Marine Royale.

Année 1823. 1 frégate (62 canons) ; 2 bricks (1 de 16 canons, neuf ; 1 de 4 canons) ; 1 chebec (14 canons). Total : 4 navires, 96 canons.

Année 1824. 3 frégates (1 de 50 canons, nommée "Meftah el Djihad" (Clé de la Guerre Sainte) ; 1 de 45 canons, connue sous le nom de "Rel Ouhaz", ou d’"El Toulouniya" (La Toulonnaise) ; 1 de 40 canons, nommée "Rehber Iskender" (Le Guide d’Alexandre) ; 2 corvettes (1 de 36 canons ; nommée "Mashar Tawfik" (l’Objet de la Protection Divine) ; 1 de 24, dite "Kara" (La Noire) ; 1 brick (16 canons) ; 3 goélettes (1 à trois-mâts, de 24 canons, appelée "Nser el Islam" (Victoires de l’Islam) ; 1 de 14 canons, précédemment chebec ; 1 de 12 canons nommée "Tsouriya" (Les Pléiades). Total : 9 navires, 261 canons.

Année 1825. 2 goélettes (1 de 12 canons, appelée "Tsouriya" (Les Pléïades) ; 1 de 12 canons, appelée "Chahin Denia", (Terreur des Mers).
Une escadre de 8 navires fut expédiée à la flotte ottomane à l’occasion de la guerre de l’indépendance grecque.

Année 1826. 2 goélettes à trois mats, de 24 canons, appelée "Mansour" (Victorieux) ; 1 de 16 canons ; 1 chebec nommé "Allah Lalladi".

Année 1827. Liste générale dés navires composant la flotte algérienne : 3 frégates : 1 de 62 canons, nommée "Meftah el Djihad" (Clé de la Guerre Sainte), était à Alexandrie depuis près de trois ans lors de la prise d’Alger ; 1 de 50 canons, appelée "Bel Houaz", ou "El Toulouniya" (La Toulonnaise) ; 1 de 40 canons nommée "Rehber Iskender" (Le Guide d’Alexandre), se trouvait à Alexandrie depuis plus de trois ans, lors de la prise d’Alger ; 3 corvettes (1 de 40 canons, nommée "Fassia" ; 1 de 36 canons, appelée "Mashar Tawfik" (l’Objet de la Protection Divine) ; 1 de 24 canons, dite "Kara" (La Noire) ; 2 bricks (16 canons) dont 1 nommé "Ni’met el Houda" (Les Grâces de la Voie du Salut) ; 1 polacre (20 canons) ; 5 goélettes (1 à trois-mâts de 24 canons, appelée "Mansour" (Victorieux), et aussi "Nser el Islam" (Victoires de l’Islam) ; 1 de 16 canons ; appelée "Fetihié" ; 2 de 14 canons, dont 1 nommée "Chahin Denia" (Terreur des Mers), et 1 nommée "Djeiran" (Le Chevreuil) ; 1 de 12 canons, appelée "Tsouria" (Les Pleïades). ; 2 chebecs (1 de 10 canons ; 1 de 4 canons, qui sera utilisé par les Français et appelé le "Boberach"). Total : 16 navires, 398 canons.

Le dernier passeport délivré par le consul aux corsaires porte la date du 26 mai 1827. Le 4 octobre de cette année, une division algérienne essaya de forcer le blocus français ; elle se composait d’après des documents algériens : "d’une petite frégate, d’une corvette, de bricks et de goélettes, en tout 11 navires" et, selon le rapport du commandant Collet, de "11 bâtiments, dont une grande frégate portant des canons de 18, 4 corvettes de 20 à 24 canons de 18, et 6 bricks ou goélettes, de 16 à 18 pièces de 12."
Cette dernière évaluation se rapprochait beaucoup de la vérité, car en consultant le relevé ci-dessus on est amené à reconnaître que la division algérienne devait se composer des navires ci-après :
1. Frégate "El Toulouniya", La Toulonnaise, dont les 50 canons, fournis par les Français, tonnèrent contre leurs anciens propriétaires.
2. Corvette "Fassia", de 40.
3. Corvette "Mashar Tawfik" de 36.
4. Corvette "Kara", de 24.
5. Polacre de 20 (ce navire à trois-mâts, a pu être compté comme une corvette par le commandant Collet)
6. Brick "Ni’met el Houda", de 16.
7. Brick de 16.
8. Goélette "Mansour", de 24.
9. Goélette "Fetihié", de 16.
10. Goélette "Tsouriya", de 12 canons (Devoulx tient de l’ancien commandant de cette goélette, le raïs Hassan, qu’il assistait à ce combat).
11. L’une des deux goélettes de 14 canons.

Malgré qu'elle ne subit aucune perte, cette tentative fut le dernier effort de la marine algérienne pour forcer le blocus.

Polacre

— Polacre —

Activités des corsaires algériens - XVIIe au XIXe siècle
a marine algérienne, trouvant des éléments de puissance dans le concours des Arabes d'Andalousie, devint réellement redoutable au commencement du XVIIe siècle. Les corsaires effectueront de nombreuses prises, parmi lesquelles plusieurs navires de guerre. Les archives du consulat de France à Alger fournissent les renseignements sur l'activité des corsaires d'Alger et, en outre, Albert Devoulx a fait des relevés depuis divers documents algériens. On peut citer ici ce qu’on trouve à ce sujet dans le Registre des prises et dans un recueil de notes historiques publié en 1852 par Albert Devoulx, sous le titre de "Tachrifat". La tradition parle aussi de la prise d’une frégate espagnole qui aurait eu lieu vers le milieu du XIIe siècle de l’hégire (XVIIIe siècle).

Année 1617. Les Algériens attaquèrent l’île de Madère, enlevèrent jusqu’aux cloches des églises et emmenèrent 1.200 esclaves. Ils firent aussi de grandes expéditions en Angleterre, vers 1631.

Année 1674. D’après le chevalier d’Arvieux, deux corsaires brûlèrent, en octobre 1674, le vaisseau garde-côtes du Portugal, armé de 36 canons et monté par 400 hommes.

Corsaires barbaresques -1615 (Cornelis Vroom)

— Corsaires barbaresques contre des navires espagnols - 1615 —

Activités de 1690 à 1725
Les archives du consulat de France à Alger fournissent les renseignements suivants qui établissent, authentiquement, les excursions faites dans l’Océan par les corsaires algériens à la fin du XVIIe siècle, et au cours des 25 premières années du XVIIIe siècle.

2 janvier 1690. Procès-verbal, constatant que la tartane française "Ste Anne", patron Louis Cauvignac, a été coulée par un vaisseau algérien, aux îles Canaries.

30 janvier 1693. Attestation que la flûte portugaise "N.D. del Pilar", armée de 6 canons et chargée de sel, a été prise et coulée par deux corsaires algériens sur le cap Finistère et à 15 lieues au large, 7 jours après sa sortie de Lisbonne.

15 janvier 1694. Le consul certifie que la corvette appelée "Nord Stard", commandée par le capitaine Richard Dewig, anglais, a été prise par les Algériens, le 9 novembre précédent, venant de Guinée et allant à Cadix.

4 janvier 1695. Déclaration que le navire hollandais "Santa Clara", de 63 hommes d’équipage, 24 pièces de canon et 12 pierriers, a été pris le 7 janvier par un vaisseau d’Alger nommé "La Rose", capitaine Babaly (Baba Ali), à 40 milles du cap St. Vincent.

13 mars 1697. Déclaration par le capitaine Antonio Falco, portugais, commandant le vaisseau "Nostra Segnora de Gloria San  Antonio", qu’il a été pris dans l’Océan, par un corsaire d’Alger, le 2 novembre précédent.

26 juillet 1698. Déclaration que le vaisseau portugais "Nostra Segnora de Penha de França" a été pris, après combat, par un corsaire d’Alger, le 24 octobre précédent, sept jours après sa sortie de Lisbonne pour Hambourg à 60 lieues en mer.

21 octobre 1699. Déclaration, par George Tode, ci-devant commandant le vaisseau portugais "Ste Anne", qu’il a été pris, le 15 juillet, par deux corsaires d’Alger ; que commandait l’amiral de cette ville, quatre jours après qu’il eut mis à la voile avec un chargement de sucre, de tabac et de sumac, pour aller à Hambourg.

12 mars 1699. Le consul certifie que le navire portugais "St Gaetan", allant de Lisbonne à Hambourg, a été pris par un corsaire algérien, en août 1698.

26 janvier 1700. Le sieur Villem Hout Huisem, d’Amsterdam, ci-devant commandant la flûte nommée "De Keysser van Affrica", et actuellement esclave, déclare qu’ayant chargé à Salé des laines, amandes, etc., il en partit le 23 septembre dernier pour aller à Amsterdam, et que, faisant sa route, il a été rencontré à la hauteur des Berlingues, environ 100 lieues en mer par le nommé Kalil raïs, commandant un vaisseau corsaire d’Alger, à la vue duquel 6 personnes de son équipage se sont sauvées dans la chaloupe et lui sixième avec quatre passagers juifs, faisant en tout 10 personnes, sont restés dans la flûte où ils ont été pris le 7 octobre.

1er juin 1706. Le 24 février 1706, le corsaire français "Le Girard", de St Malo, ayant 36 canons et jaugeant 300 tonneaux, attaqua sur le cap St Vincent, le navire hollandais "La Marie", de 120 tonneaux, capitaine Jan Brenghels, de Rotterdam ; il allait s’en emparer, lorsqu’il fut obligé de s’éloigner par l’apparition d’un bâtiment de guerre battant pavillon hollandais ; mais le nouveau venu aborda "La Marie", l’amarina et arbora ensuite pavillon rouge ; c’était un corsaire algérien de 36 canons et 350 tonneaux nommé "La Rose" et commandé par le raïs Ahmed Touil. Guillaume Buisson, sieur Desbois, commandant de la frégate "Le Girard", revint alors sur le champ de bataille et réclama sa part de "la Marie". Les deux corsaires ne se comprirent pas parfaitement ; cependant le raïs consentit à ce que le sieur François Renouin s’embarquât sur la prise hollandaise que les Algériens conduisirent immédiatement à Alger.
A la date du 1er juin suivant, le consul de France dressa un long procès-verbal, dans lequel il exposait les démarches qu’il avait faites pour arracher les Hollandais à l’esclavage, en quoi il avait complètement échoué, et pour obtenir au profit du corsaire français une portion du produit de cette capture.

15 février 1710. Le consul certifie que le vaisseau génois "Le César", capitaine Hyacinthe Nata, a été capturé par deux corsaires algériens, le 29 juillet précédent à la hauteur des Berlingues, allant à Lisbonne.

8 octobre 1717. Démarches du consul pour obtenir la restitution du brigantin français "Charles François", de 60 tonneaux, venant de la Martinique et amariné par un corsaire algérien à 18 lieues N.-S. du cap St Vincent et 60 lieues de Cadix, sous le prétexte que son passeport n’était pas conforme au modèle.

17 mars 1719. Le capitaine Martin Prins, hollandais, déclare qu’allant d’Amsterdam à Bordeaux avec son navire "Le Jean", il a été pris par une caravelle d’Alger à 9 lieues de la terre d’Ouessant, près de Brest, le 13 juin 1718.

17 mars 1719. Jacob Janssen, capitaine hollandais, déclare qu’allant d’Amsterdam à Bordeaux avec son navire appelé "La Demoiselle Anne-Marie", il a été pris, le 21 juillet précédent, par un vaisseau corsaire d’Alger, à 5 ou 6 lieues de la terre de Bretagne près de Brest.

17 novembre 1719. Déclaration par le capitaine de la flûte hambourgeoise appelée "Lanne de Hambourg et Claas", qu’étant parti de Hambourg pour Bordeaux, il a été pris par un vaisseau algérien à 2 lieues et demi d’Ouessant sur la côte de Bretagne, le 7 août de la même année.

15 février 1721. Le capitaine Jean Prudhome, commandant le vaisseau "Le Maréchal d’Estrées" du Havre de Grâce, déclare qu’étant parti de cette dernière ville le 15 décembre précédent pour aller au Sénégal, il a été pris le 9 janvier suivant par deux vaisseaux corsaires d’Alger, à 90 lieues au Nord de Madère, attendu qu’il n’était pas muni d’un passeport semblable à ceux que les capitaines algériens ont en main.

20 août 1721. Déclaration par le capitaine de la flûte hollandaise "Le Jeune Jean Adrian", qu’étant parti d’Amsterdam pour Bordeaux, il a été pris le 7 mai de ladite année près d’Ouessant par la caravelle algérienne que commande Cara Mamet.

20 juin 1725. Rachat du français Banier, de Saint Malo, pris dans le vaisseau "L’Impératrice Elisabeth", d’Ostende, à son retour des Indes.

Corsaires barbaresques - Bataille navale - 1678  (W. Van de Velde)

— Corsaires barbaresques - Bataille navale - 1678 —

Relevés d'après les archives du consulat de France à Alger - 1737 à 1827
Comme il a été dit plus haut, la délivrance des expéditions françaises aux corsaires algériens était enregistrée dans des cahiers ad hoc, dont nous possédons la série complète à partir de 1737.

Année 1743. 5 juin 1743. Dépositions relatives à la prise par la caravelle de l’écrivain des chevaux, dans l’Océan, au large du cap Saint Vincent, du vaisseau français le Louis-Alexandre, du Havre de Grâce ; capitaine Daniel Coste, lequel croyant salétin ledit corsaire qui avait arboré en premier lieu les couleurs anglaises, s’efforçait de fuir et même de se défendre, sans comprendre ce qui lui était crié par différentes personnes et en différentes langues. Le second a été tué et le capitaine blessé ainsi que 4 matelots. Le chargement fut confisqué et le navire rendu. Parmi les témoins entendus figurent trois esclaves espagnols servant sur le navire capteur, et dont l’un embarqué comme chirurgien.

Année 1749. Prise par des chebecs algériens du navire de guerre vénitien nommé Sainte Trinité Saint Jean, que commandait le capitaine George Taraculli.
Le 21 octobre 1749, le navire français, La Marguerite, de Vannes, capitaine Nicolas Gervaizeau, allant à la côte de Guinée, est pris par un vaisseau algérien, par 40 degrés 40 minutes latitude Nord et par 3 degrés 40 minutes longitude.

Année 1750. 30 juillet 1750. Le brigantin français l’Union, capitaine Jacques Anquetil, de Calais, abandonné par son équipage vers les parages de Pharo en Portugal à la vue d’un corsaire algérien, que l’on appréhendait être salétin, est pris par ledit algérien, lequel, le croyant portugais l’amena à Alger.

Année 1753. Le 20 octobre 1753, le vaisseau français l’Assomption, capitaine Jean-François Prépaud, de la Ciotat, parti de Cadix pour le Levant, fut pris dans le détroit de Gibraltar par un corsaire algérien venant du cap Spartel. Le capitaine Prépaud mourut des suites de la bastonnade que le Dey lui fit administrer pour le punir de s’être défendu.

25 octobre 1753. Dépositions relatives à la prise Uni, deux chebecs et un senault algériens, le 21 septembre 1753, à l’E.-S.-E. de Ste Marie (aux Açores), environ 60 lieues, et après un combat où plusieurs Français furent tués ou blessés, du navire français St Antoine, capitaine Jean la Fargue, de Bordeaux, parti de cette dite ville pour la Martinique.

Année 1762. 21 juin 1762. Le consul certifie qu’au commencement de mars précédent le raïs Abdrahman, commandant une barque appartenant à Ali Pacha, Dey d’Alger, conduisit en ce port un bâtiment portugais nommé Nostra Senora de la Paz, dont il s’était emparé à la hauteur de Lisbonne, 60 milles en mer.

Année 1763. 30 juin 1763. Déclaration au sujet de la prise, par un chebec algérien, le 17 du dit mois, dans l’Océan, par 35 degrés 50 minutes de latitude nord et 9 degrés 10 minutes longitude méridien de Ténériffe, de la polacre française le St Antoine, capitaine Jean-Etienne Garcin, de la Ciotat, partie de St Domingue pour Marseille avec un chargement de café, indigo et cuirs, laquelle croyant ce chebec salétin s’est défendue et a été enlevée à l’abordage après un combat de 3 heures et demi. Le navire fut pillé et l’équipage maltraité à coups de cordes, de sabre, tant du tranchant que du plat, à coups de poings et soufflets.

Année 1765. 12 novembre 1765. Le capitaine Joseph Grau, commandant le brigantin catalan Nostra Senora de Monserate, déclare que faisant route des Canaries pour Cadix, il a été pris le 12 juin 1764 à 50 lieues du cap Saint-Vincent, par un corsaire de la régence d’Alger appelé le Saint André (sic).

Année 1768. 23 janvier 1768. Le capitaine Roux, ci-devant commandant la tartane la Vierge de Grâce déclare que faisant route pour Carthagène, il aurait été rencontré, le 15 décembre 1767, par un corsaire algérien, qu’il lui aurait fait signal de fumée et d’un coup de canon ; qu’il se serait rendu tout de suite à bord du corsaire dont le raïs l’aurait reçu avec des coups et toute sorte de mauvais traitements, sans vouloir examiner ses expéditions ; que le dit raïs le retint pour qu’il eut à le piloter jusqu’à ce qu’il eut passé le détroit de Gibraltar, lui ordonnant de se faire suivre par sa tartane ; qu’ayant donné ses ordres en conséquence à son second de ne point se séparer du corsaire, celui-ci l’aurait exécuté jusqu’à la nuit du 19 au 20, que le mauvais temps l’obligea à prendre sa bordée à terre, le corsaire, qui était un gros bâtiment, la tenant au large ; que sur cette séparation le raïs du corsaire voulait lui faire donner la bastonnade, mais que la taïffe (le détachement de janissaires) s’y opposa.

Année 1774. Le 26 octobre 1774. Prise d’un chebec de guerre espagnol, par un chebec algérien.
« Prisonniers faits le 20 chaban 1188 (mercredi, 26 octobre 1774), sur un chebec de guerre espagnol, capturé par Hadj Mehdi : … » (Tachrifat, page 89).

Année 1776. Le 6 septembre 1776, prise d’une gabarre de guerre espagnole par une barque de 20 canons et un chebec de 18 canons.
« Prisonniers faits sur une gabarre espagnole, capturée le 22 redjeb 1190 (vendredi, 6 septembre 1776), par Soliman, capitaine d’une balancelle, et Indja Mohammed, capitaine d’un chebec : … » (Tachrifat, page 90).

Année 1777. Le 11 avril 1777, prise par une saëtte algérienne du pinque de guerre napolitain la "Très Sainte Conception" et "Saint Ferdinand" de 18 canons, que commandait Don Stefano Berlingero.
Les archives du consulat renferment sur cet événement une pièce en italien traduite ainsi :
"Nous, soussignés, attestons et certifions que le 26 avril 1777, entra dans ce port d’Alger le pinque royal de Naples, de 18 pièces de canon, nommé la Smo Concepzione e S. Ferdinando (la Très Sainte Conception et Saint Ferdinand), commandé par don Stefano Berlingero, et que nous étant informés, les jours suivants, auprès de l’équipage dudit pinque, et particulièrement auprès de l’officier du régiment de Macédoine don Andrea Bezichi, du comptable don Vicenzo Pollicino, du prêtre don Tomaso Movaro, et des autres officiers mariniers, pilote, maître d’équipage, gardien, chirurgien, pruderi(1) et marins, ils nous ont fait le récit suivant :
Le onzième jour d’avril de ladite année 1777, comme on se retrouvait dans les eaux du canal de Malte, le matin; vers la quatorzième heure, l’enseigne Giarusso, embarqué sur ledit pinque comme lieutenant, remit la garde au susdit commandant afin de récupérer le sommeil perdu de trois nuits entières de mauvais temps, car il n’y avait pas d’autre officier de marine et on ne pouvait, par un temps douteux, se fier au commandant, attendu que celui-ci n’avait aucune expérience de la navigation. Alors, il faisait jour et le temps était maniable ; ledit Giarusso alla se reposer. A cet instant, Pierre Marino, prudero qui était de vigie dans la hune du trinquet, aperçut un navire qui restait au Sud 1/4 S.-E., et il le dit au commandant, lequel voulant le reconnaître et diminuer autant que possible la distance entre les deux bâtiments, l’homme qui venait de prendre la vigie lui dit que les allures du navire (aperçu), étaient celles d’un corsaire. Le commandant regarda avec la longue-vue et dit qu’il était français, qu’il venait du Levant et qu’il allait dans l’Ouest. La distance ayant encore diminué, les pruderi firent observer de nouveau au commandant que c’était un bâtiment corsaire. Mais ils furent repoussés par lui avec injures, et il ordonna au maître canonnier de faire une "fumée" (signal fait au moyen d’une petite quantité de poudre brûlée en plein air ; cela s’appelait aussi brûler une amorce), ce que celui-ci exécuta immédiatement. Alors, il fit hisser la royale bannière de Sa Majesté Sicilienne, et ledit navire arbora bannière française. Comme celui-ci s’était encore plus rapproché, de manière que l’on voyait les sabords parfaitement fermés, un autre prudero, Pietro Salomon, qui avait pris la garde et qui se trouvait dans la hune du trinquet, descendit auprès du commandant, sur la dunette, et lui dit : «Monsieur, le bâtiment est un corsaire.» Le commandant donna l’ordre de mettre en batterie les deux canons de proue, sans prendre d’autres dispositions, continuant à rester appuyé sur le dos ; tous les autres canons étaient amarrés en dedans, les mantelets abaissés, et la moitié de l’équipage prenait du repos, à tel point que le comptable don Vicenzo Pollecino fit cette observation : «au moins, commandant, faites venir au lof, afin de ne pas perdre l’avantage d’être au vent.»
Voyant que le commandant persistait dans son obstination, ledit Pietro Salamone descendit réveiller l’enseigne Giarusso, lequel s’étant levé de suite, examina le bâtiment et le reconnut pour un corsaire barbaresque ; il ordonna immédiatement de faire le branle-bas et de mettre l’artillerie dehors, et plaça sur la dunette la troupe avec son officier don Andrea fezichi.
Malgré cela, le commandant ne voulait pas, disant que c’était un Français. Pendant ce temps-là le navire ennemi passa sous le vent du pinque royal, à une portée de pistolet, sans avoir pu donner la première bordée. Mais après avoir doublé le pinque à poupe il réussit à virer de bord, amena le pavillon français, hissa le pavillon algérien, mit en batterie trente-six pièces de canon et vint droit à la poupe pour l’abordage ; par la rapidité de sa marche, l’Algérien se mit au vent. L’enseigne Giarusso voyant cela et l’état du pinque sur lequel nulle disposition n’avait été prise pour le combat et dont la voile latine avait été amenée pendant qu’il reposait, monta sur la dunette, prit le commandant par la poitrine, en présence du lieutenant Bezichi et d’autres, d’après ce qu’on raconte, et, l’épée à la main, lui dit : « Eh bien, monsieur le commandant je me suis mis un peu à dormir, et parce que je n’étais pas de service, vous me menez ainsi sous l’ennemi ! ». Avec une figure cadavéreuse, il répondit : « L’homme de vigie m’a trompé. » Malgré cela, ledit Giarusso l’encouragea ainsi que tout l’équipage et faisant crier trois fois vive Marie, il ordonna de commencer le feu sur l’ennemi. En outre, ledit Giarusso fit amener l’embarcation qui était à la poupe, afin de donner plus de marche au pinque, chacun continuant à faire son devoir contre l’ennemi. Mais tout fut inutile parce que le pinque ne marchait pas, et le susdit bâtiment, qui était une saëtte (barque), aborda promptement le pinque par l’arrière, où la défense fut prolongée le plus possible. Il fallut céder à la force et à la supériorité de l’ennemi, toute autre défense étant impossible parce que rien n’avait été préparé. De plus, on dit que si l’enseigne Giarusso eut été réveillé tout d’abord, nous n’aurions peut-être pas été pris, tant à cause de l’expérience qu’il avait de la navigation que de la présence d’esprit qu’il a montrée et des bonnes dispositions (qu’il a ordonnées) dans cette surprise.
Tels sont les raisonnements dires et paroles que nous avons entendus de la bouche des susdits officiers déjà nommés et de l’équipage. Et pour être la vérité telle nous avons signé la présente.
Alger, 1er septembre 1777.

(Suivent les signatures).

29 novembre 1777. « Captures de Hadj Mohammed el Islami, raïs. Etat-major d’un navire de guerre napolitain, pris le 28 choual 1191 (samedi, 29 novembre 1777) : … » (Tachrifat, page 90).

Année 1778. Prise d’un bateau de guerre espagnol.
« Pedro Salamon, commandant d’une sandale (bateau) de guerre, capturée par Hadj Mohammed el Islami, le 2 choual 1192 (samedi, 24 octobre 1778). » (Tachrifat, page 91).

Année 1786. La goélette portugaise "Nostra Segnora d’Acabo Piedade", est capturée en vue du cap St-Vincent, par deux corsaires algériens.

Année 1789. 30 juillet 1789. Le capitaine Jean Charles Riouffe, de Cannes, commandant le brigantin "Le Commissionnaire", de Marseille, parti de St-Pierre de la Martinique, dépose, que sur le cap Spartel il aurait été visité par une escadre barbaresque composée de cinq galiotes, dont le commandant aurait trouvé ses expéditions justes et lui aurait demandé un peu de café et de sucre, que le déposant lui a tout de suite donné ...

Année 1792. La Régence envoya à l’escadre ottomane une division de cinq navires.
27 octobre 1792. Déposition au sujet de l’arrestation par une flotte algérienne de 3 frégates et 2 chebecs, du vaisseau "Le Mars", capitaine Bourdon, venant du cap Français et allant à Marseille.
"... le capitaine s’étant rendu à bord d’un des chebecs, le raïs le reçut à l’algérienne en le traitant de chien, en lui disant qu’il serait bien maître de lui donner la bastonnade..." Le passeport fut trouvé juste, mais le raïs en montra un second qui était nouvellement décrété par l’assemblée nationale ; le capitaine lui démontra l’impossibilité de lui en exhiber un pareil, attendu qu’il manquait de Marseille depuis huit mois. Le raïs ayant goûté ces raisons, prit le passeport et lui jeta sur la figure en l’accompagnant avec quelque douceur algérienne et renvoya le canot pour lui aller chercher du sucre et du café... Cependant, le commandant de l’escadre ayant réuni sur son bord les autres capitaines, le conseil examina de nouveau le passeport et décida que "Le Mars" serait conduit à Alger, où le Dey jugerait la question.

Année 1796. Prise d’un navire de guerre vénitien par deux corvettes de 30 canons.

Année 1797. Prise d’un brick de guerre de 32 canons.
« Christofle Wiskiwis, commandant d’un brick de guerre de 32 canons, capturé par Ali Raïs, 30 choual 1211 (jeudi, 27 avril 1797). » (Tachrifat, page 94).

Année 1799. Prise de 2 navires de guerre portugais par le chebec de 34 canons.
« Le chebec de l’Etat que commande le raïs Ben Tabak, a pris un navire de guerre portugais, sur lequel ont été faits prisonniers 79 mécréants. Le premier des combattants qui a touché le navire ennemi, lors de l’abordage, a reçu un mécréant comme gratification, et le second a reçu du numéraire. Un autre mécréant a été donné au marabout Sidi Abderrahman. Le produit de cette prise est de 29.385 francs, 28 rebi 1er 1214 (vendredi, 30 août 1799). » (Registre des prises).

« Le Hadj Mohammed Ben Tabah, commandant du chebec de l’Etat, a pris un navire de guerre portugais sur lequel ont été faits prisonniers 66 mécréants et qu’il a amené dans cette ville, 28 rebi 1er 1214 (vendredi, 30 août 1799).
Le produit de cette prise est de 24.677 francs 40 centimes. »
(Registre des prises).

Année 1810. Une division, composée de 3 frégates et d’un brick et placée sous le commandement du raïs Hamidou, fit une croisière dans l’Océan.

Année 1817. Un document algérien mentionne la prise effectuée dans l’Océan par une escadre de six navires, de quatre bâtiments, dont un hambourgeois.

Année 1821. Une division de huit navires fut envoyée à la Turquie pour l’assister dans sa guerre contre les Grecs. Six de ces navires durent subir d’importantes réparations à leur arrivée à Constantinople, un autre fut démoli.

Année 1825. Une escadre de 8 navires fut expédiée à la flotte ottomane à l’occasion de la guerre d’indépendance de la Grèce.