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Théâtre Romain de Skikda par Jules Chabassière

— Théâtre Romain de Skikda —

LE THEATRE ROMAIN DE RUSICADE
e Théâtre Romain existe de nos jours. Il est adossé à la pente du djebel Bouyala, montagne qui s’élève à l’Ouest de la ville, et il s’étend jusqu’à vers la crête occupée autrefois par le Fort-Royal. Ce monument, qui a failli être rasé comme le reste des vestiges de Rusicade, fut également sacrifié car, en 1933, on n'a rien trouvé de mieux que de construire sur son orchestre, le Collège de jeunes filles Emile Maupas (actuel lycée En-Nahda), enfouissant ainsi d'autres vestiges de ce théâtre. Une partie de la scène a donc disparu, et il ne reste aujourd'hui que les substructures des gradins.

Le théâtre occupait, avant sa destruction partielle, un espace d'environ 4 900 m². Pendant les représentations, le théâtre était couvert d'une immense toile (velum) en guise de protection contre les intempéries et le soleil.
L'édifice présente une forme semi-circulaire avec des gradins en forme d'arcs soutenus par d'imposantes colonnes. Les gradins sont constitués de ''Cavea'', terme qui signifie ''creux''. La ''Cavea'' du théâtre de Rusicade fut aménagée sur les flancs de la colline de Bouyala.
Seuls les portiques d'accès du public entourant la Cavea sont élevés par rapport au sol, ce qui fait que les meilleures places du théâtre sont celles situées dans la partie basse proche de la scène, appelée ''Limina Cavea'' et réservée aux notables.
La partie médiane appelée ''Media Cavea'' est destinée aux personnes de rang social moyen. La partie la plus élevée des gradins, '' Summa Cavea'', est quant à elle réservée aux autres catégories sociales.
L'espace du "postscaenium" et le mur de scène ont disparu car occupés par la cour du lycée Nahda. Quant au ''scaena frons'' qui servait à accrocher les décors, il se dressait sur le tracé de la façade Est du bloc transversal du lycée.

Aujourd'hui, les gradins du Théâtre Romain ont été "habillés" ou pire remplacés par un matériau "moderne" qui lui fait perdre de son authenticité archéologique. On peut encore espérer que ce théâtre sera un jour réhabilité dans toute son authenticité.
C'est dans ce théâtre qu'en 1841, a été trouvée la stèle en marbre portant une inscription attestant Rusicade comme colonie romaine. Cette stèle nous a appris également qu'un certain Marcus Aemilius Ballator avait contribué financièrement aux besoins et l'ornement du théâtre.

Théâtre Romain de Skikda par Jules Chabassière

— Skikda - Théâtre Romain vestige de Rusicade —

HISTORIQUE
Le théâtre de Rusicade, presque entièrement ruiné, devait être magnifique. Il était assez richement décoré : on y a trouvé des débris d'une belle corniche et de balustrades en marbre. Il ne date pas d'une époque antérieure au règne d'Hadrien, car le massif d'une voûte contenait une médaille en bronze de Sabine, femme de cet empereur. Ce bronze du module de 0,03 m, représentant, au droit, le buste de Sabine à gauche, avec cette légende :

SABINA AVGVSTA HADRIANI AVG -P-P

Au revers, la Pudeur assise, portant la main droite à sa bouche, avec cette légende :

PVD??????????? et en exergue les lettres S-C

Dans le cours des IIe et IIIe siècles, il fut embelli ou restauré à plusieurs reprises ; particulièrement en l'année 225, par les soins d'un magistrat de la confédération de Cirta, Marcus Fabius Fronto. On a retrouvé dans le cirque un doigt en bronze antique.

Théâtre Romain de Skikda par Jules Chabassière

— Théâtre Romain de Skikda à l'époque de sa restauration —

Cette scène antique produira "Les Menechmes" de Plaute et une mention épigraphique portée sur une belle plaque de marbre nous apprend que la pièce, d’ailleurs montée aux frais d’un riche Romain séjournant à Rusicade, connut un tel succès qu’elle tint l’affiche pendant deux semaines.

De ce théâtre, le plus grand découvert en Algérie, partait un souterrain qui aboutissait au port.
D'après sa superficie, 5 à 6.000 spectateurs pouvaient prendre place sur ses gradins et la foule y avait accès par 6 escaliers. La plus grande largeur du théâtre atteint 82,40 m.

Théâtre Romain de Skikda par Jules Chabassière

— Théâtre Romain de Skikda - Plan —

En mai 1849, M. Belliard écrira ("Souvenirs d'un voyage en Algérie - Paris 1854 - Le mont Filfila et ses carrières de marbre") :
"Sur le versant oriental du Djebel Bou-Joula, on retrouve l'ancien cirque bâti par les Romains (théâtre antique). A son sommet on voit les magnifiques citernes romaines restaurées par les Français."
On remarquera que M.Belliard commet une erreur fréquente, à savoir la confusion entre le théâtre et le cirque (amphithéâtre) ; ici, il parle bien du théâtre, et Djebel "Bou-Joula" désigne le Djebel Bouyala.

Théâtre Romain de Skikda par Jules Chabassière

— Skikda - Théâtre Romain vestige de Rusicade —